«Les textes législatifs et les conventions internationales en vigueur sont insuffisants», estime le président de la Forem. En dépit des nombreux acquis réalisés en sa faveur, la situation de cette frange de la société reste «inquiétante». L'enfant algérien est occupé à «survivre» plutôt que de vivre son enfance et son innocence dans une société où les liens familiaux commencent à perdre de leur importance. L'enfant se porte mal en Algérie. Beaucoup hantent encore les rues des grandes villes d'Algérie. Ils sont livrés à leur malheureux sort. Et les chiffres ne manquent pas pour illustrer le «calvaire» enduré par cette frange de la société. Pour la seule wilaya d'Alger, plus de 15.000 enfants sans-abri sont recensés, affirme le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche (Forem), Mustapha Khiati. «Ces chiffres ne sont pas précis quant à la situation des enfants sans abri au niveau de la capitale, enfants sans familles ou enfants ayant quitté leur famille», a-t-il précisé, jeudi, lors d'une rencontre organisée par la Forem à l'occasion de la Journée mondiale des droits de l'enfant. Un autre chiffre avancé par la Forem: plus de 3000 enfants naissent tous les ans hors mariage. L'enfance continue de souffrir de divers maux. Les services de sécurité et de gendarmerie ont enregistré 87 cas d'enlèvement d'enfants en 2007, a indiqué encore M.Khiati. Le travail des enfants est un autre phénomène qui prend de l'ampleur aussi. Les statistiques disponibles montrent que 300.000 enfants sont exploités dans le travail au noir, selon le même responsable. Les affaires enregistrées dans le cadre de la délinquance juvénile sont également importantes. Le directeur général de l'administration pénitentiaire et de réinsertion des détenus, Mokhtar Felioune, a affirmé qu'à l'échelle nationale, 600 mineurs se trouvent dans les centres spécialisés du ministère de la Justice et les pavillons de certaines prisons. Dans une déclaration à l'APS, en marge de la session de formation sur la justice des mineurs, M.Felioune a indiqué que 80% des mineurs, qui se trouvent dans ces centres et prisons, n'ont pas fréquenté l'école et la majorité est âgée de 17 à 18 ans. La plupart de ces mineurs sont, ajoute-t-il, condamnés pour vol et coups et blessures, imputant cette délinquance à la déperdition scolaire, aux problèmes familiaux et aux mauvaises fréquentations. Pour M.Felioune, l'intérêt au plan international, est accordé à la justice préventive des mineurs pour éviter le recours à la justice. Pour le responsable de la Forem, ces nouveaux phénomènes auxquels est confrontée la société algérienne se développent en l'absence d'une loi protégeant les droits de l'enfant. «Les textes législatifs et les conventions internationales en vigueur actuellement, sont insuffisants», a-t-il estimé, appelant à des lois «plus strictes». Devant cet état de fait, le directeur exécutif de l'Observatoire des droits de l'enfant (ODE), Mihoub Mihoubi, a annoncé la prochaine création d'un conseil consultatif pour la prise en charge de l'orphelin. Composé de présidents d'entreprise, de juristes, de psychologues, de sociologues et d'économistes, le conseil a pour mission de définir le nombre des enfants orphelins en Algérie et de rechercher des sources de financement pour subvenir à leurs besoins scolaires jusqu'à l'âge de 16 ans, a indiqué M.Mihoubi. Il poursuit que la création de ce conseil est devenue nécessaire, vu le nombre important d'enfants orphelins privés de leurs droits consacrés par le statut de l'enfant, estimé à 250.000 et enregistré après la tragédie nationale, selon les statistiques du ministère de la Solidarité nationale. Selon M.Mihoubi, la santé de l'enfant ne peut être améliorée sans la promotion de ses conditions de vie. «Bien que les aides financières soient modestes, elles contribuent, néanmoins, à la bonne scolarisation de l'enfant», a estimé le président de la Forem. S'agissant des familles comptant plus de trois enfants, les aides financières qui leur sont octroyées peuvent égaler le Smig au niveau national. Pour sa part, le directeur régional de l'Organisation internationale pour la réforme pénale, Tahar Boumedra, a souligné que la législation algérienne «est en harmonie avec le contenu de la législation internationale en ce qui concerne la délinquance». Il a relevé, toutefois, un manque de coordination en matière d'application entre les autorités concernées, ajoutant que l'Algérie «est devenue un des pays développés en matière de protection de l'enfant et de traitement avec les délinquants». «Tout le cadre législatif est fin prêt et adapté aux normes internationales par rapport aux autres pays arabes», a souligné l'intervenant. Le développement de l'enfant, faut-il le dire, ne peut être perçu que dans un environnement social sain.