Les transporteurs de Makouda interdisent à ceux de Boudjima de sillonner le territoire de leur propre daïra. Rixes, bagarres et retraits de permis sont le lot quotidien des transporteurs de voyageurs de la commune de Boudjima qui s'aventurent par Makouda. Les propriétaires des fourgons et autobus de la commune de Makouda s'en prennent de plus en plus violemment aux transporteurs de Boudjima qui osent «accaparer» leurs clients à destination de la ville de Tizi Ouzou. Les deux camps se disputent, en fait, la propriété de la ligne Makouda vers Tizi-Ouzou. Les transporteurs de Boudjima, par souci de réduire le trajet, préfèrent passer par Makouda. Une décision qui n'est pas pour plaire aux transporteurs de Makouda qui se plaignent d'une concurrence déloyale. Leurs clients prennent des fourgons venant de Boudjima, les laissant ainsi sans travail. Cependant, cette concurrence qui dure depuis des années, commence à irriter les voyageurs. Alors que les autobus de Boudjima sont contraints, souvent par la force des «bras», à ne pas prendre ces usagers qui moisissent dans les arrêts, ceux de Makouda peinent à répondre à la demande de leurs clients. C'est pourquoi, ces dernières semaines, les citoyens, essentiellement étudiants et travailleurs en ville, s'élèvent contre cette situation. Ils demandent à leurs transporteurs de laisser ceux de Boudjima travailler. Pour les usagers de Makouda, seuls les transporteurs de Boudjima répondent à leurs besoins pendant qu'ils moisissent dans les arrêts. A plusieurs reprises, les interventions des transporteurs de Makouda ont tourné à des bagarres. En fait, si cette tournure trouve une explication toute logique, il n'en est pas de même pour le laisser-aller des services concernés et des autorités locales. Tandis que les deux parties se disputent la propriété de la ligne, prenant ainsi les voyageurs en otage, les pouvoirs publics se murent dans le silence. Deux problèmes sont à l'origine de cette situation. D'une part, la commune de Boudjima se trouve dans la circonscription administrative de Makouda. Les transporteurs estiment ainsi être dans leur droit absolu de circuler librement sur le territoire de leur daïra. D'autre part, la direction du transport n'a pas daigné modifier les lignes après l'annexion de la commune de Boudjima à la daïra de Makouda. Attribuées du temps où elle relevait de Ouaguenoun, ces dernières, malgré les retraits de permis au niveau du barrage des forces de sécurité de Makouda, sont demeurées suivant l'itinéraire Ouaguenoun vers Tizi Ouzou. A présent, certains transporteurs constitués en association militent pour arracher le droit de passage sur le territoire de leur daïra. D'autres, défendent leur gagne-pain par l'exclusion des autres, souvent par la force. Au niveau des services du transport, ils attendent que ce litige soit pris en charge par les autorités locales au niveau des deux communes et de la daïra de Makouda. Quant aux citoyens, ils attendent toujours un éventuel autobus de Boudjima qui ose affronter l'interdit imposé par les transporteurs de Makouda.