Les attaques meurtrières de mercredi à Bombay, revendiquées par un groupe islamiste indien jusqu´alors inconnu, renforcent la thèse selon laquelle le géant asiatique affronte des groupes extrémistes locaux et non plus seulement ceux venus du Pakistan ou du Bangladesh voisins. Un groupe islamiste inconnu, les Moudjahidine du Deccan, a revendiqué les attaques de mercredi soir à Bombay qui ont fait au moins 130 morts, selon un nouveau bilan établi hier matin, et des centaines de blessés. Le nom utilisé par le groupe islamiste, Deccan, désigne le plateau qui couvre une grande partie du centre et du sud de l´Inde. Un groupe similaire, les Moudjahidine indiens, avait revendiqué dans un courrier électronique les attentats, commis le 14 septembre à New Delhi «au nom d´Allah», contre des quartiers commerçants et huppés de la capitale fédérale, faisant au moins 20 morts. Un autre groupe, la «Force de sécurité islamique-Moudjahidine indiens», avait revendiqué douze attentats coordonnés dans le nord-est de l´Inde qui avaient fait 80 morts le 30 octobre. Il est difficile de déterminer si ces groupes sont liés, mais selon B.Raman, ex-responsable des forces de sécurité à la retraite et directeur de l´Institut des questions d´actualité à Madras (sud), le choix de ces noms vise à «indianiser» les mouvements islamistes. Les Moudjahidine indiens, qui se font également appeler «milice de l´Islam» se proclament «en guerre ouverte contre l´Inde». Cette cellule islamiste locale avait déjà clamé sa responsabilité dans une série de seize attentats en juillet à Ahmedabad (Etat du Gujarat, ouest), des bombes en mai à Jaïpur (Etat touristique du Rajasthan, nord-ouest) et des attaques coordonnées en novembre 2007 contre trois villes de l´Uttar Pradesh (nord). Au total, plus de 120 personnes avaient trouvé la mort dans ces attaques. D´après des responsables des services de renseignement indiens, les Moudjahidine indiens pourraient être issus du Mouvement islamique des étudiants d´Inde (SIMI), interdit en 2001 par le gouvernement, mais qui a fait appel de cette décision devant la Cour suprême. D´autres experts pensent que ces Moudjahidine indiens n´agissent pas seuls et sont liés à des organisations islamistes basées au Pakistan et au Bangladesh - le Lashkar-e-Taiba (LeT) et le Harkat-ul-Jihad-al-Islami (HuJI) - accusées d´avoir perpétré bon nombre d´attentats en Inde ces dernières années. «Il est possible que des éléments de ces trois organisations soient impliqués», expliquait récemment B. Raman, dans une tribune du journal Hindustan Times. Dans leurs multiples revendications, les Moudjahidine indiens veulent tour à tour venger les émeutes de 2002 au Gujarat entre hindous et musulmans (2000 morts, des musulmans pour la plupart) ou fustiger le rapprochement historique en cours entre l´Inde et des Etats-Unis.