En dépit de sa croissance dynamique, le marché automobile national n'a pas encore réussi à attirer les investissements directs étrangers. L'économie mondiale vit actuellement la plus grave crise financière depuis 1929. Les spécialistes annoncent une récession dans tous les secteurs. Après avoir ébranlé les banques, la crise touche, à présent, l'économie productive. De l'Amérique à l'Asie en passant par l'Europe, le secteur de l'automobile montre des signes d'essoufflement évidents. De grandes firmes entament des redressements souvent douloureux pour l'emploi. Pour endiguer les pertes, les constructeurs automobiles recourent aux licenciements massifs engendrés par la baisse de la demande sur les marchés. Au milieu de cette angoisse internationale, l'économie nationale observe une attitude de spectateur. Aucun signe à l'horizon. Etroitement dépendant de l'Europe et de l'Asie, le secteur de l'automobile concentre, à lui seul, beaucoup d'intérêts. Sur bien des plans, il présente de nombreuses similitudes mais, en contrepartie, il montre aussi de grandes spécificités. Cependant, et par-delà ces considérations, le marché automobile national nécessite, pour anticiper les effets de la crise, une observation de plus près. Présentant, à bien des égards, des ressemblances, avec les autres régions, le parc automobile de la wilaya de Tizi Ouzou peut constituer un échantillon d'observation. Sur le terrain, les avis divergent sur les forces et les faiblesses de ce secteur face à la crise. Classée troisième à l'échelle nationale avec un parc automobile de 200.000 véhicules dont 18.081 neufs, la wilaya de Tizi Ouzou dispose d'un marché qui attire toutes les marques européennes et asiatiques. Le parc national s'élevant à 3.402.294 véhicules. En dépit de sa croissance dynamique, le marché automobile national n'a pas encore réussi à attirer les IDE (investissements directs étrangers). Malgré les bénéfices colossaux réalisés, le marché algérien demeure encore un espace de consommation. Aucun investissement à même de créer des emplois et de la richesse n'a vu le jour malgré les facilités et les avantages, essentiellement fiscaux, accordés. L'automobile reste un créneau de service plutôt qu'une économie de production. Absence d'investissements Sur le terrain, certains concessionnaires interrogés s'accordaient sur le boom que connaît leur créneau. En effet, selon les statistiques du Cnis, quelque 61.000 véhicules, d'une valeur de près de 48 milliards de DA, sont venus s'ajouter au parc au premier semestre 2008. Cependant, ce dynamisme est, selon certaines voix, à nuancer. En se penchant sur l'origine de cette vivacité, l'on constate que ce créneau, aussi juteux soit-il, s'avère être un terrain miné. En premier lieu, la plus grande partie des ventes, il y a des années, était alimentée par des fonds inactifs. L'apport en devises, se chiffrant à des milliards d'euros, provenait des circuits parallèles, notamment de l'émigration. La non-participation de ces fonds à l'activité économique productrice de richesse et, par conséquent, d'emplois, en fait un capital passif. Cette richesse disparaîtrait quand la source se tarira. En clair, le départ massif à la retraite des salariés en France. Ces dernières années, les formules de crédits bancaires ont pris le relais. Ce qui a permis l'explosion des ventes. Mais, ces facilités, pour certains, ne sont pas, à long terme, aussi fiables qu'elles paraissent. En effet, elles sont loin de représenter la force prétendue de la classe moyenne. En l'état actuel des choses, l'économie nationale est basée essentiellement sur l'apport des exportations en hydrocarbures. Et ce n'est qu'avec la crise financière que la réflexion sur la diversification des exportations est engagée. Dans ce contexte de crise porteuse de risques, les formules de crédits bancaires avec intérêt s'accompagnent inéluctablement du danger du surendettement des ménages. Cette éventualité pourrait produire une crise semblable à celle qui a ébranlé le marché de l'immobilier américain aux premiers balbutiements de la crise ayant provoqué une récession. En troisième lieu, certains spécialistes de la publicité avertissent que l'explosion des ventes produira, à moyen terme, une concurrence farouche et menaçante: le marché de l'occasion. En effet, le marché de l'automobile national compte une différence importante avec le marché européen. Tandis que ce dernier est né de la production des véhicules sur le même continent, le marché, en Algérie, n'est, quant à lui, qu'un consommateur passif. Les délocalisations dans le Vieux Continent sont, en grande partie, motivées par la saturation des marchés locaux avant qu'elles ne le soient par la concurrence asiatique. Un marché imprévisible Ainsi, si l'industrie automobile a trouvé un palliatif par les délocalisations, les marchés de consommation, eux, ne font que cumuler des quantités qui reviendront concurrencer les ventes de véhicules neufs. Bien que le marché national de l'automobile soit l'un des plus importants et des plus dynamiques de l'Afrique du Nord, il n'en demeure pas moins que ses acteurs commencent déjà à élaborer des stratégies marketing en vue de faire face à la concurrence. Tout au début, les marques françaises dominaient la majeure partie du marché. Aujourd'hui, les véhicules asiatiques accaparent de plus en plus de parts du marché algérien. Cette compétition a poussé tous les concessionnaires et représentants à investir dans le service après-vente. Un créneau, également, porteur que les quelque 30 différentes marques veulent conquérir. Toutefois, comme le fera remarquer un représentant, le consommateur algérien est imprévisible. «Nous avons vu des clients se présenter pour l'achat d'un véhicule moyen et ressortir avec une grosse cylindrée», s'étonnera-t-il. En fait, pour les spécialistes de la publicité, ce sont les motivations qui provoquent l'acte d'achat du consommateur algérien, qui sont difficiles à cerner. Aussi, d'un côté, l'économie nationale est largement dépendante de l'intervention des fonds de l'Etat, générés par les ressources naturelles. De l'autre, et spécialement dans notre région, les ventes de véhicules sont, en grande partie, financées par l'apport des circuits informels, en devises de l'émigration. Par conséquent, le marché de l'automobile comme l'économie nationale demeure encore déconnecté des normes et règles du commerce international. Ce créneau génère, à présent, beaucoup d'avantages mais il reste imprévisible. Si la crise financière actuelle influe considérablement sur l'industrie et les marchés automobiles occidentaux et asiatiques, le marché algérien ne peut être, qu'une échappatoire à court terme. Sa vivacité, il la tient des ressources, tout aussi, imprévisibles actuellement et vouées à l'usure à l'avenir.