Entre deux conférences, Abdelaziz Belkhadem a dû annoncer l'annulation du congrès extraordinaire du FLN et le report de son conseil national. L'élection présidentielle d'avril 2009 s'annonce assez particulière. Très peu de candidats se bousculent au portillon pour briguer la magistrature suprême. Ce qui est tout de même étonnant car dans toute formation politique, il existe une stratégie de conquête du pouvoir. Et cela doit faire partie des rêves les plus fous de tout leader politique. A moins que le verdict des urnes n'ait inhibé plus d'un. Par ailleurs, la précampagne de l'élection présidentielle du printemps prochain semble avoir plongé dans un profond sommeil. Quant à sa problématique, en masse, elle ressemblerait plutôt à un casse-tête chinois. Comment faire pour inciter les Algériens à aller voter en masse? Les partis politiques y sont conviés, mais la partie est loin d'être gagnée. Pourquoi? Les dernières élections législatives du mois de mai 2007 peuvent en témoigner: les urnes ont été boudées par 63% d'électeurs. Parler dans un tel cas de figure de divorce entre la classe politique et les citoyens algériens reviendrait à un doux euphémisme. Les préoccupations des uns se situant aux antipodes des intérêts des autres. Le spectacle auquel se sont livrées les formations politiques dans leur majorité et de manière régulière, n'a fait que susciter un désintérêt notoire de la part des électeurs. Les mouvements de redressement se sont multipliés au même titre que de graves luttes, intestines ont affecté d'une part leur crédibilité et sérieusement entamé leur stabilité, d'autre part. Ces crises internes que l'on appelle communément «redressement» ont eu la particularité de surgir au moment où les citoyens faisaient et continuent à faire face à une sévère détérioration de leur pouvoir d'achat. «A chacun ses oignons», voilà à quoi ressemble ce scénario. Laminé par une hausse des prix généralisée des produits de large consommation (huile, sucre, café, viandes, fruits, légumes...), le porte-monnaie des Algériens tend, aujourd'hui encore plus qu'hier, à ressembler à un ballon de baudruche. Aucune mesure annoncée ou décidée par les pouvoirs publics n'a pu mettre fin à la flambée des prix. Déstockage de la pomme de terre, importation de viandes...Comble de l'ironie, même le prix des oeufs a été multiplié par deux. Les éleveurs d'ovins expliquent l'envolée des prix du mouton par l'intervention des spéculateurs à l'approche de l'Aïd, et les marchés des fruits et légumes avancent le même argument. Les partis politiques quant à eux, restent muets comme des carpes à ce sujet minés sans aucun doute par des luttes de leadership sans précédent. Une sorte de schizophrénie qui s'est emparée ces dernières années de certains hommes politiques et qui consiste à dire «c'est moi le meilleur». Un discours déjà entendu. La rue n'est point dupe et les quelques électeurs qui se sont déplacés aux urnes lors des dernières échéances électorales, l'ont appris à leurs dépens. Le plus bel exemple leur a été donné lorsque les députés, des représentants du peuple, ont décidé d'abord de se servir en augmentant de 300% leurs salaires. Une gifle? une claque? Non. L'initiative a été ressentie comme un coup de poignard dans le dos. La décision a choqué plus d'un Algérien. Comment fait-on pour joindre les deux bouts lorsque l'on gagne 12.000 DA alors que d'autres en perçoivent 30 fois plus? Il ne faut surtout pas le demander aux trois partis de l'Alliance présidentielle qui ont en force voté le projet. Il leur sera bien difficile de convaincre les Algériens de se déplacer en force pour exprimer leur suffrage au mois d'avril 2009, surtout que leurs voix sont restées muettes à propos de la détérioration de la situation matérielle de leurs concitoyens. Leurs préoccupations semblent être ailleurs. Entre deux conférences, Abdelaziz Belkhadem a dû annoncer l'annulation de la tenue du congrès extraordinaire du FLN et le report sine die de son conseil national. Bouguerra Soltani a fait l'objet d'une contestation des plus féroces au sein du MSP. Moussa Touati est diabolisé par des mouvements de redressement à l'intérieur du FNA. Louisa Hanoune a du mal à retenir certains de ses élus qui sont partis sous d'autres cieux... Les formations politiques sont dans une tourmente qui risque de leur jouer un bien mauvais tour au moment où les voix des électeurs seront sollicitées.