Les voix qui réclamaient avec insistance la nécessité de convoquer un congrès extraordinaire du FLN se sont éteintes. L'annonce officielle de la révision constitutionnelle les a rendues totalement inaudibles. C'est, en effet, le calme plat au sein de l'ex-parti unique, traversé ces dernières années par l'une des plus graves crises de son histoire. Tout le monde s'attendait à une levée de boucliers lorsque son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, a écarté, lors de sa toute récente rencontre avec les mouhafadhs, l'éventualité d'organiser un congrès extraordinaire. Il n'en fut rien. Plus aucune réaction de la part de ses détracteurs. Pourtant, le premier responsable de l'exécutif du Front de libération nationale avait bel et bien promis de tenir ces assises tant souhaitées. Ce n'est finalement que de l'esbroufe. M. Belkhadem a sûrement bien joué pour assurer la survie de son équipe jusqu'à l'annonce officielle de la révision constitutionnelle. Si la manière importait peu, l'essentiel pour lui était surtout de calmer les esprits et de gagner du temps en orientant les contestataires sur une fausse piste, en leur faisant miroiter la possibilité de rebondir lors d'un congrès qui n'était même pas inscrit au programme de la direction nationale. Conforté donc par l'évolution de la situation politique dans le pays, l'ancien chef de l'Exécutif n'a pas cherché plus loin les arguments justifiant une telle pirouette. « Ce n'est pas une priorité », expliquait-il à ses militants. Pour Abdelaziz Belkhadem, il y a d'autres urgences, l'agenda politique du FLN est tellement chargé qu'il reste vraiment très peu de place pour la tenue d'une aussi grande kermesse organique. Il est clair que les responsables de l'ex-parti unique ne voudraient en aucun cas donner l'occasion à d'éventuels trouble-fête de s'exprimer. Et il y en a. Ils se recrutent parmi les dizaines d'insatisfaits de l'opération de restructuration du parti qui n'a d'ailleurs pas encore pris fin et évidemment les recalés des dernières élections législatives et locales. C'est assurément pour cette raison qu'ils ont décidé de se contenter de la convocation d'une réunion du conseil national pour proclamer le soutien du parti à la candidature du président de la République qui, à la lumière de la révision constitutionnelle, briguerait un troisième mandat à la magistrature suprême. Finis donc les appels incessants à la tenue d'un congrès extraordinaire et au retour à l'ancienne architecture organique du parti : un comité central, un bureau politique, les mouhafadhas et les kasmas. Même les voix de ceux qu'on appelle les grosses pointures du parti, entre autres le trublion Abdelkader Hadjar (actuellement ambassadeur d'Algérie en Egypte) et le sénateur Abderrezak Bouhara, qui ont un certain moment relayé la revendication des contestataires, se sont résolues à se taire. Il faut le dire, le rouleau compresseur de la révision constitutionnelle en a dissuadé plus d'un de faire de la contestation ou, du moins, d'y persévérer au grand bénéfice de la direction du FLN issue du mouvement de redressement né, lui, à la veille des élections présidentielles d'avril 2004. De la fronde conduite et orchestrée, durant plusieurs mois, par l'ancien chef du groupe parlementaire du parti, Abbas Mekhalif, et un ancien membre du bureau politique, Azi Benthabet, il ne reste presque rien. L'instance de suivi et de coordination de la contestation qu'ils ont mise sur pied s'est effondrée comme un château de cartes devant la politique d'usure imposée par l'équipe de Belkhadem rompue, faut-il le préciser, à ce type d'exercice. L'orchestre est mené désormais de main de maître ; aucune voix discordante ne peut venir perturber l'ordre ambiant. Tout est réglé comme du papier à musique.