«Ces rencontres franco-algériennes m'ont conforté dans le sens qu'il y a une réelle volonté de la part du gouvernement algérien de s'inscrire dans un développement cinématographique.» Son désir est de construire dans son pays d'origine un pôle cinéma avec des hangars pour tourner ses films et offrir aux Algériens, par la même occasion, de faire les leurs. Autrement dit, donner à l'Algérie, comme au Maroc, la possibilité de trouver un cadre approprié de tournage et de fabrication de films. Mais Farid DMS Debbah bute à chaque fois devant des obstacles...Pour autant, l'homme ne lâche pas prise et continue contre vents et marées à croire en son projet tout en continuant à faire des choses, en France où il vit, notamment un film fantastique qu'il vient de lancer, il nous en parle... L'Expression: Pourriez-vous nous dire l'objet de votre visite en Algérie, d'autant qu'on sait que vous avez des projets dont un nous tient particulièrement à coeur et que vous aspirez à concrétiser en Algérie... Farid DMS Debbah: En effet, je suis de retour, ici en Algérie. J'ai été invité suite aux accords franco-algériens sur la coproduction. En fait, c'est une bonne opportunité pour voir les professionnels et être en contact avec les gens du cinéma algérien dans sa diversité. On a participé pendant deux jours à des travaux, des ateliers mis en place pour sonder les besoins des attentes des professionnels du cinéma algérien. Certes, il y a énormément de choses à faire et d'attentes de la part des professionnels algériens vis-à-vis surtout de la mise en place de cet accord. Donc, on a travaillé dans ce sens. J'espère que cela va déboucher sur quelque chose de positif, la renaissance du cinéma algérien. C'est l'établissement d'un pont entre la France et l'Algérie, qui a été ratifié, c'est dans ce sens-là que se sont tenus ces deux jours. Il y a dix mois, vous êtes venu en Algérie portant le projet de la mise en place d'un pôle cinéma. Où en êtes-vous concrètement? C'est toujours d'actualité. J'ai une équipe qui est jusqu'à présent en Algérie et qui s'occupe de cette mise en place. C'est très long, chose que je savais dès le départ, dans le sens où il y a un véritable problème au niveau du foncier en Algérie. La possibilité d'avoir un terrain d'assiette pour pouvoir commencer à établir réellement ce pôle de cinéma, est minime. On est en contact avec des responsables pour la construction, en premier lieu, de hangars. C'est plus long que je ne l'ai imaginé. J'avais dit que si avant la fin de l'année je n'ai rien, je partirais, on arrive en fin d'année. On me laisse entrevoir un espoir, notamment avec les responsables politiques qui m'ont fait comprendre que je devais patienter un peu. Je pense que je vais essayer de m'accrocher encore. C'est compliqué, mais le fait d'être venu pour ces rencontres franco-algériennes m'a conforté, dans le sens qu'il y a une réelle volonté de la part du gouvernement algérien de s'inscrire dans un développement cinématographique. Quelque part, il y a un espoir d'avancer concrètement vers une professionnalisation des métiers du cinéma et l'établissement réel d'un renouveau du cinéma algérien. Je me dis donc qu'il ne faut pas lâcher prise. Mais il ne faut pas non plus tirer trop sur la corde. Il faut que je trouve des soutiens au plus haut niveau dans ce pays. Pendant ces deux jours, j'ai rencontré des gens qui font du cinéma depuis 40 ans et constaté que l'attente est longue. Heureusement, vous continuez à faire des choses, justement vous venez de débuter un nouveau projet de film. Pourriez-vous nous en parler? Tout à fait, je débute un projet de film. On a lancé, la semaine dernière, à Toulouse, Game Show qui est un des plus importants Salons dédiés au monde de la science-fiction, du fantastique et du Manga de France, la préproduction lors d'une conférence de presse à Toulouse, du film Wagon Sept que je produis et réalise, notamment avec un des comédiens de la série à succès américaine Heroes, Jimmy Jean Luis, le comédien qui interprète le rôle du Haïtien dans la série et qui est venu exprès, dans ce but, de Los Angeles à Toulouse. L'affiche de Wagon Sept réunit également Christiana Reali, Elodie Navare. Le tournage est prévu en fin 2009 pour une sortie à la mi 2010. C'est mon premier long métrage, assez ambitieux dans le sens où c'est un film de genre, un thriller fantastique. Un genre qui n'est pas beaucoup exploité en France, et totalement inexistant en Algérie. Donc, double challenge, et double envie pour moi d'explorer et de concrétiser cette histoire qui a un script magnifique. Une histoire vraiment angoissante. C'est l'histoire de sept personnes qui se réveillent dans un wagon accidenté dans nulle part. Ces sept protagonistes ont perdu la mémoire et se confrontent à un danger extérieur qui les empêche de sortir de ce wagon. Des personnalités se dévoilent, les esprits s'échauffent, les interrogations sont grandes quant à leur enfermement forcé. Il y a toute une intrigue qui se passe. Malgré qu'il soit de ce genre, derrière ce film, il y a vraiment toute une réflexion philosophique qui touchera tous les spectateurs. Sortira-t-il un jour en Algérie? Il n'y a pas de raison qu'il ne sorte pas en Algérie. Je viendrais avec plaisir accompagné des comédiens du film. Vous savez, mon ambition, il y a un an, c'était de venir tourner ce film en Algérie, avec des stars internationales, dans ces hangars. Mais malheureusement, mon projet de film de cinéma a avancé et celui du pôle de cinéma a stagné. Mais je ne perds pas espoir.