Les avocats ne décolèrent pas, le boycott des audiences se poursuit et les affaires s'accumulent. Dans l'état où sont actuellement les choses, la situation ne semble pas connaître de dénouement et les deux parties en conflit campent toutes les deux sur leurs positions. Jamais le tribunal criminel n'a eu à connaître une pareille «insurrection», si l'on peut appeler ainsi cette situation. Il va sans dire que l'actuelle session criminelle qui avait si bien commencé son travail, se trouve otage d'une nette cessation. Les conséquences seront de taille du fait de l'encombrement des affaires en suspens. Le contexte est tellement compliqué que certains accusés se sont vu contraints d'assurer eux-mêmes leur propre défense avec l'assistance d'un parent. C'est dire que les citoyens à Constantine sont obligés de se faire justice eux-mêmes. C'est ainsi qu'une affaire a été jugé par le jury où un père a assisté son fils en vertu de l'article 271 du Code pénal. Une situation jusque-là inédite à Constantine. C'est le deuxième cas dans le pays après celui enregistré au tribunal de Tizi Ouzou. La détermination du bâtonnat à se faire respecter et la position de la partie adverse, ont aussi donné naissance à une nouvelle sorte de défense, même si celle-ci n'a pas les compétences souhaitées. La situation est d'autant plus singulière, quand il s'agit d'un impératif dans l'exercice des fonctions d'avocat. Pour rappel, cette situation remonte à quelques jours avant l'Aïd, quand une interprète a été autorisée à porter l'habit d'un avocat, ce qui a été contesté par l'un des membres du barreau, à l'égard du magistrat. Ce dernier aurait profité de cette occasion pour faire intervenir la force publique afin d'expulser le contestataire de la salle d'audience du tribunal correctionnel de Ziadia. Une situation qui engendrera par la suite un soulèvement hors du commun des robes noires. Après une assemblées générale extraordinaire, ils ont décidé de boycotter les audiences. Un autre fait est venu compliquer davantage la situation, c'est la convocation par le parquet de 25 avocats pour faute professionnelle et contre lesquels, des citoyens avaient déposé plainte. Ce qui relève, selon les membres du barreau, des prérogatives du conseil du discipline du bâtonnat. Jusqu'à maintenant, personne ne veut entendre raison, et la situation demeurera ainsi, selon les grévistes, dont certains iront même jusqu'à dire que c'est une atteinte aux droits de l'homme et à la dignité des avocats.