Les avocats de Constantine boycotteront, à partir d'aujourd'hui, et jusqu'à nouvel ordre, les audiences de la session criminelle, tout en continuant à bouder celles, se déroulant chaque samedi, au tribunal de Ziadia. La décision a été entérinée ce jeudi, lors d'une assemblée générale ordinaire du bâtonnat de la région de Constantine, tenue au centre culturel Benbadis, et dont la date sera avancée à cause du conflit perdurant entre les avocats et un juge des flagrants délits, du tribunal en question. Rappelons, à ce sujet, qu'en signe de protestation contre l'expulsion, par la force publique, d'un de leurs confrères, membre du bâtonnat, de la salle d'audience du tribunal correctionnel de Ziadia, le 25 octobre écoulé, les avocats décideront de boycotter les audiences de chaque samedi, et ce jusqu'à ce qu'il soit procédé au remplacement du juge. Ce dernier avait éconduit l'avocat au motif de s'être élevé contre une interprète judiciaire s'étant arrogé le droit de porter la robe noire des avocats pendant la séance, acte que la corporation qualifie d'inadmissible, vu que l'interprète n'en a pas les prérogatives. Lors de la réunion, les avocats ont déclaré ne plus tolérer qu'on les réduise au silence et dénoncent de ce fait l'attitude du procureur général adjoint du tribunal de Ziadia, qui avait convoqué 25 avocats suite aux plaintes de leurs clients à leur encontre. Un acte que le bâtonnier affirme être du ressort du conseil de l'Ordre des avocats, et non du parquet, s'agissant de fautes professionnelles, notamment. A cet effet, les séances de coordination, qui avaient régulièrement lieu entre les avocats et les procureurs de la République des différents tribunaux de Constantine, seront gelées. Par ailleurs, les défenseurs menacent de hausser le ton dans le cas où ils ne seraient pas réhabilités, soulignant qu'ils ne toléreraient plus les pressions que leur font subir les juges lors des audiences, alors que cette relation de travail est censée être basée sur le respect mutuel. Ils estiment que la situation prévalant au niveau des différents tribunaux de la wilaya est devenue intolérable, « générant de réelles entraves à l'exercice de leur fonction ». Dans son intervention, le bâtonnier Mostefa El Anouar estime que « les problèmes professionnels ne se règlent jamais par la pression et les menaces contre les avocats », car, ajutera-t-il, « sans ces derniers, les audiences n'auraient jamais lieu ». D'un autre côté, celui-ci ne nie pas qu'il existe des avocats qui commettent des fautes professionnelles, précisant dans ce sens que de 7 à 8 % des avocats, exerçant à Constantine, sont poursuivis en justice, et sans nier également que 80% des problèmes du bâtonnat sont dus aux avocats.