Un film marqué au sceau du drame: son tournage avait nécessité un arrêt de six mois à la suite du grave accident de son principal acteur, Hassen Kechache... Le film sur la vie et le combat du chahid Mostefa Benbou-laïd, intitulé Le lion de l'Algérie, du cinéaste Ahmed Rachedi, a été projeté jeudi en avant-première à la salle El Mougar (Alger) et la veille, au profit du président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika qui, rappelons-le, avait ordonné au gouvernement, par le biais du ministère des Moudjahidine, de financer le montant restant, autrement dit 150 millions de dinars sur les 230 millions qu'a coûté le film à l'Etat. Un film marqué au sceau du drame vu que son tournage avait nécessité un arrêt de six mois, à la suite du grave accident de son principal acteur, Hassen Kechache. L'équipe du tournage a eu à se déplacer à Oran, Oued Souf, les Aurès, Constantine, Alger et ses environs. Coproduit par les ministères des Moudjahidine et de la Culture et l'entreprise Missane Balkis films, ce long métrage retrace, durant près de trois heures, la vie et le combat de cette grande figure historique du Mouvement national, de l'Organisation spéciale (OS) et son rôle pendant la guerre de Libération, notamment dans la région des Aurès. Le film, dont le rôle principal a été confié à l'acteur, médecin d'origine et ayant déjà joué dans le film C'était la guerre d'Ahmed Rachedi, évoque ici plusieurs aspects de la personnalité du martyr, notamment son côté humain et le combat héroïque qu'il avait mené contre le colonisateur français. Ce long métrage a regroupé notamment, 600 comédiens amateurs et professionnels issus de différentes régions du pays, alors que les principaux rôles politiques et militaires de l'occupant français ont été confiés à des acteurs étrangers. Le scénariste du film, Sadek Bekhouche, s'est basé pour l'écriture du scénario, sur des documents écrits, des ouvrages d'histoire ainsi que les témoignages des compagnons du chahid tels Ammar Bellagoun, Ali Benchaïda et Kamel le frère de Benboulaïd ainsi que certains membres de sa famille. Militant nationaliste au Parti du peuple algérien (PPA), puis au Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (Mtld), Mostefa Benboulaïd a été membre dirigeant de l'OS et du Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (Crua). Il contribua dynamiquement au déclenchement de la guerre de Libération en participant aux activités du groupe des 22 ainsi que du Comité exécutif. Le chahid Benboulaïd a dirigé ensuite la guerre de Libération dans la zone Aurès-Nememcha jusqu'à sa mort, en martyr, la nuit du 22 au 23 mars 1956 à l'âge de 39 ans. Malgré sa situation sociale aisée, cela ne l'a pas empêché d'être du côté du peuple en le menant au combat. Il sacrifia, en effet, sa vie, sa famille et ses biens pour la libération de son pays. C'est ce qui ressort de ce film, marqué tout de même par quelques lenteurs, a fortiori dans la partie relative à son incarcération à la suite de son déplacement à l'étranger, dans le cadre d'une mission d'approvisionnement en armes et munitions au profit de la révolution au cours de laquelle il fut arrêté par les services de sécurité français, au niveau de la frontière tuniso-libyenne. Il fut emprisonné en Tunisie avant d'être transféré en Algérie où il sera condamné à la peine capitale. Durant son incarcération à la prison d'El Koudia (Constantine), Benboulaïd organisa, avec ses compagnons codétenus, une évasion spectaculaire. C'est un Benboulaïd patient, humble, impartial et généreux qui est décrit ici. La vraie figure du héros, en somme, qui se confrontera avec sérénité à un Messali Hadj trop imbu de son «nationalisme». Un Messali campé superbement par le comédien et dramaturge Slimane Benaïssa. Le long métrage fait montre aussi de la crise interne qui divisait le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (Mtld), poussant Benboulaïd et ses compagnons à créer le Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (Crua), dans le but de réconcilier les antagonistes et unifier les rangs autour d'un même objectif. L'échec de cette action unificatrice détermina les six chefs du Crua à passer à l'action armée pour libérer le pays sous la bannière d'une nouvelle organisation, le Front de libération nationale (FLN) qui devient le catalyseur du peuple algérien dans sa lutte pour l'Indépendance. Chef de la première Zone dans les Aurès, Benboulaïd déclenche la Révolution le 1er Novembre 1954 et dirigea des batailles farouches et affronta, avec bravoure, l'armée française. Face au révolutionnaire aguerri et au stratège aguerri que fut Benboulaïd, les autorités françaises ont mis au point un plan pour son élimination physique, le 22 mars 1956 et cela, au moyen d'un émetteur-récepteur piégé. Beaucoup d'applaudissements dans la salle ont ponctué chaque moment fort du film. Ce dernier a bénéficié de nombreux moyens octroyés par le ministère des Moudjahidine, comme d'anciens avions et autres explosifs pour reconstituer les faits de guerre. Idem pour ces images filmées en vidéo et transférées en 35 millimètres, qui ajoutaient par moments au film toute l'authenticité que sous-entendent les archives. Cependant, on est un peu loin des films de guerre à l'américaine, et à la sauce hollywoodienne avec des centaines de figurants à la clé. Notons que le film sur Mostefa Benboulaïd prendra part cette semaine à la 5e édition du prestigieux et luxueux Festival international du cinéma d'Abou Dhabi, où il sera en compétition officielle aux côtés de deux autres films algériens, à savoir Mascarades de Lyès Salem et Dernier maquis de Rabah Ameur-Zaïmèche. Trois films aux genres différents qui se disputeront le grand prix à coups de milliers de dollars à la clé.