Dans un communiqué, l'OMS affirme que l'épidémie de choléra au Zimbabwe est loin d'être sous contrôle. Le secrétaire général de l´ONU, Ban Ki-moon, a demandé hier au président du Zimbabwe Robert Mugabe, 84 ans, «de se tourner vers l´avenir» de son pays et d´honorer ses engagements pour un partage du pouvoir avec l´opposition. «Le président Mugabe devrait vraiment se tourner vers l´avenir de son pays et de son peuple, qui n´a déjà que trop souffert et pendant trop longtemps de cette tourmente politique à laquelle s´ajoute, à présent, une grave tragédie humanitaire», a déclaré M.Ban à la presse à Genève. Le secrétaire général de l´ONU a indiqué avoir rencontré M.Mugabe au cours d´un face-à-face «tendu» il y a deux semaines à l´occasion du Sommet sur le développement à Doha. «J´ai fait pression autant que j´ai pu pour qu´il respecte son engagement (de partage du pouvoir), en tant que dirigeant politique et que président du Zimbabwe, afin de laisser un héritage positif», a indiqué le secrétaire général de l´ONU. «J´ai parlé du fond du coeur (...) mais l´entretien ne s´est pas bien passé», a reconnu M.Ban. La conversation a été «très difficile» et «je n´ai pas pu obtenir une réponse positive quant à l´accord de partage du pouvoir», a-t-il indiqué. Après avoir perdu le premier tour des élections présidentielles, M.Mugabe a signé, en septembre dernier, un accord de partage du pouvoir avec son adversaire, le chef de l´opposition Morgan Tsvangirai, mais les deux hommes n´ont pas pu trouver un terrain d´entente sur l´attribution des ministères-clés. Plusieurs dirigeants occidentaux, dont le président américain sortant George W.Bush, le Premier ministre britannique Gordon Brown et le président français Nicolas Sarkozy, ont demandé à M.Mugabe de quitter le pouvoir alors qu´une épidémie de choléra a tué au moins 792 personnes dans un pays dévasté par la crise économique. M.Mugabe dirige le Zimbabwe depuis l´indépendance en 1980, mais ce pays, autrefois considéré comme le grenier de l´Afrique australe, est aujourd´hui en proie à l´hyperinflation, à un taux de chômage de 80% et à la famine. Par ailleurs, l´épidémie de choléra qui a éclaté au Zimbabwe début août n´est toujours «pas sous contrôle», a affirmé hier l´Organisation mondiale de la santé (OMS) en chiffrant à 792 le nombre de morts dus à la maladie. Un précédent bilan publié jeudi faisait état de 783 morts. Selon l´OMS, 16.700 cas de choléra étaient recensés en date du 11 décembre, principalement dans la région de la capitale Harare avec 8 042 cas. L´OMS a signalé une augmentation du nombre de personnes affectées à la frontière avec l´Afrique du Sud, en majorité dans la région de Limpopo: 750 personnes malades et 11 morts, selon des chiffres du 7 décembre. Concernant les cas recensés du côté sud-africain de la frontière, l´agence onusienne se dit toutefois dans l´incapacité de dire s´il s´agit de personnes venues du Zimbabwe ou de locaux. L´OMS a également détecté «quelques cas mineurs» - sans précision de chiffres - aux frontières avec le Mozambique et le Botswana. «L´épidémie de choléra n´est pas sous contrôle actuellement», a déclaré la porte-parole de l´OMS, Fadela Chaïb. Le diagnostic de l´OMS contredit les propos jeudi du président du Zimbabwe, Robert Mugabe, selon lequel il n´y avait «plus de choléra» dans le pays. Le gouvernement zimbabwéen a toutefois fait marche arrière hier, en affirmant que les propos de M.Mugabe relevaient du «sarcasme» et avaient été déformés par les médias occidentaux. L´OMS a estimé hier qu´il lui faudrait encore plusieurs jours, voire semaines, pour évaluer l´impact des mesures mises en oeuvre par les autorités zimbabwéennes en lien avec l´ONU.