Moscou qualifie de «débiles et inventées» ces accusations. La tension monte entre Moscou et Tbilissi. Après la crise gazière, éclate le scandale dit «des espions.» Les autorités géorgiennes ont, en effet, annoncé mercredi dernier, l'interpellation de quatre officiers russes soupçonnés d'espionnage militaire et de liens avec les organisateurs d'un attentat. Dans la soirée, Moscou avait fait état de l'interpellation d'un 5e officier. Les officiers arrêtés sont accusés d'avoir «recueilli, pendant plusieurs années, des informations sur les armements des forces géorgiennes, les programmes de l'Otan (en Géorgie) et les ressources de l'énergie du pays», selon Tbilissi. Ils sont également soupçonnés d'être «impliqués» dans l'organisation d'un attentat à Gori, une ville située à 80km à l'ouest de Tbilissi, qui avait entraîné, en février 2005, la mort de trois policiers géorgiens et fait 23 blessés. Des accusations qui ont aussitôt provoqué la colère de Moscou, qui, par la voix de son ministre de la Défense, Sergueï Ivanov a violemment critiqué Tbilissi qualifiant de «débiles et inventées» ces accusations qui «dépassent complètement l'entendement». Exigeant la libération immédiate des cinq officiers russes, M.Ivanov, a assuré que la réponse de Moscou serait «appropriée et responsable». Pour sa part, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait annoncé qu'il allait demander au Conseil de sécurité de l'ONU d'examiner les actions des autorités géorgiennes qu'il accuse de mener une politique anti-russe. D'ailleurs, avant même une réaction de l'ONU, la Russie a commencé, hier, à évacuer par avion son personnel diplomatique de Géorgie. Selon l'ambassade russe, une centaine de personnes seront évacuées dans la journée à bord de deux avions. La Russie envoie cinq avions pour l'évacuation, ont affirmé les autorités géorgiennes se basant sur les demandes de plans de vol. Cet ordre d'évacuation du personnel de l'ambassade russe est la première conséquence directe du différend qui oppose Moscou et Tbilissi. L'ambassade russe a cessé, jeudi, de délivrer des visas aux Géorgiens et dans la soirée, la diplomatie russe a annoncé le rappel pour consultations de son ambassadeur et l'ordre d'évacuation de son personnel. L'évacuation du personnel diplomatique russe à Tbilissi, intervient au moment où les ministres de la Défense de l'Otan évoquaient la coopération avec leur collègue russe en Slovénie. Il convient de rappeler que Moscou avait vivement critiqué la décision annoncée le 18 septembre par l'Otan d'engager «un dialogue intensifié» avec la Géorgie, une étape vers l'adhésion de ce voisin de la Russie à l'Alliance atlantique. Le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer a lancé, en accord avec tous les alliés, «un appel aux deux parties à la modération et à la désescalade», a-t-il dit à la presse, à l'issue d'un conseil Otan-Russie. La tension est donc à son paroxysme entre la Russie et la Georgie. Tbilissi accuse Moscou d'ingérences flagrantes dans ses affaires au travers de son soutien aux régions sécessionnistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, et a poussé les feux en vue de son adhésion à l'Otan. De leur côté, si Moscou entretient encore des bases en Géorgie, et même un quartier général pour le Caucase du Sud à Tbilissi, les Etats-Unis ont envoyé, ces dernières années, des conseillers militaires pour encadrer la refonte de son armée. Dans ce jeu d'influence, les tentations réciproques d'«observer» les mouvements de l'autre puissance ne sont pas à écarter.