Alors que la plupart des centres urbains, qui ont connu des troubles, ont tous retrouvé le calme, la ville d'Akbou demeurait, hier encore, sous tension. Cette localité a, en effet, été le théâtre d'affrontements entre forces de sécurité et manifestants. Jusqu'au milieu de la matinée, tout paraissait normal.Les citoyens vaquaient normalement à leurs occupations. Les commerçants ouvraient leurs boutiques et la circulation se faisait de plus en plus dense. Des appels ont même été lancés pour dégager les voies publiques obstruées depuis quelques jours. Vers 10h, des dizaines de jeunes, visiblement en colère, s'en prennent à l'édifice du commissariat où sont stationnés les éléments des CNS auxquels il est reproché, selon des témoignages recueillis sur place, la brutalité dont ils ont fait preuve lors des derniers troubles. Les émeutiers, assez nombreux, exigent, selon l'un d'eux, «le départ immédiat des renforts des CNS». A peine les premières échauffourées ont-elles éclaté, que les rues commençaient à se vider. En quelques minutes, les principaux accès sont barricadés. Il n'est point question de négocier son passage ou de tenter une quelconque discussion, tant la colère est grande. Dès votre arrivée, on vous intime l'ordre de faire demi-tour. «Demi-tour! La route est coupée», nous a lancé un jeune dont l'âge ne dépasse pas les 20 ans. Pendant ce temps, d'autres jeunes préparaient la fermeture d'un autre passage situé plus loin. Toutes nos tentatives d'accéder au lieu des émeutes ont été vaines. A l'heure où nous mettons sous presse, la tension demeurait toujours vive. Rien n'indiquait que le calme allait revenir. Partout ailleurs, le calme semble revenu. Les sièges des APC et des daïras ont rouvert leurs portes au public. Les services des municipalités étaient un peu partout, hier, à pied d'oeuvre pour nettoyer les rues et les carrefours. Les pierres et autres débris sont si importants qu'il faudra beaucoup de temps pour redonner aux cités leur réel visage. Les citoyens commentaient les résultats des élections législatives. Bref, les différentes localités tentent, tant bien que mal, de reprendre vie. En revanche, sur les RN, les barricades sont toujours dressées même si elles n'empêchent pas complètement le passage des véhicules. Les automobilistes ont dû ouvrir eux-mêmes des petites issues en attendant que «les services des ponts et chaussées daignent intervenir», nous disait, hier, ce camionneur qui tentait d'élargir un passage pour rejoindre Tazmalt. Le trajet habituel d'une heure entre Béjaïa et Tazmalt se fait, depuis quelques jours, en deux à trois heures, tant de nombreux obstacles jonchent la chaussée.