Le fondateur d'En Nahda et d'El Islah vient de lancer «une initiative politique» ouverte à tous les courants oeuvrant pour «un changement radical de la situation politique que vit le pays». A petits pas, mais avec de grandes ambitions, Abdellah Djaballah prépare «son grand retour» sur la scène politique nationale. Chassé d'En Nahda et d'El Islah, M.Djaballah, qui a fondé ces deux formations, n'a pas pour autant baissé les bras. Comme premier pas, le cheikh lance une «initiative politique» ouverte à tous les courants politiques. Dans une déclaration accordée au journal londonien, El-Hayet, Abdellah Djabellah a affirmé qu'il s'est engagé avec plusieurs personnalités nationales influentes pour créer un pôle regroupant tous les courants politiques, qui va «contribuer à un changement radical de la situation politique que vit le pays». La même source dévoile que l'opposant islamiste envisage, à travers cette initiative, d'arracher le soutien d'un grand nombre d'hommes politiques algériens pour rentrer dans la course à l'élection présidentielle 2009. «Les concertations politiques seront engagées même avec des hommes politiques en dehors du courant islamique. Car, l'initiative vise même les démocrates et les nationalistes...» Djaballah veut, apparemment, tout rafler sur son chemin. Il frappe à toutes les portes, même à celle de l'ex-FIS. «L'initiative touchera même les enfants du FIS», a-t-il dit. Le journal cite le soutien de grandes personnalités politiques du FLN, à leur tête Abdelhamid Mehri. Jouant sur la corde sensible, le cheikh fait appel à tous ceux qui ont été élevés dans les rangs du courant islamiste, de rejoindre l'initiative. Dans ce sens, il révèle qu'un travail de sensibilisation est mené au niveau des wilayas. «L'initiative a eu des échos favorables et un large soutien au niveau de la base.» Parmi les personnalités qu'a rencontrées M.Djaballah, figure le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. Des sources non confirmées, rapportent, en effet, que l'ancien chef du gouvernement s'est entretenu au début de ce mois de décembre, trois heures durant, avec M.Djaballah au siège de ce parti, sis à Hydra. Les deux hommes auraient trouvé une entente politique. Il s'agit de faire rentrer M.Djaballah dans la course à l'élection présidentielle 2009 comme chef de file de la mouvance islamiste qui cherche, désespérément, un candidat. A présent, l'élection présidentielle du mois d'avril prochain est à la recherche d'un candidat potentiel et charismatique qui pourrait séduire dans cette course à El Mouradia. Abdelaziz Bouteflika, qui ne s'est pas officiellement déclaré candidat, reste le seul favori à sa propre succession. Abdallah Djaballah peut bien accomplir cette mission et bien jouer le jeu du «candidat recherché». D'ailleurs, ce dernier a bien su défendre les couleurs du courant islamiste lors des échéances électorales précédentes, à la tête d'En Nahda et El-Islah. Il représente, donc, un compétiteur redoutable, qui devrait donner du tonus à une campagne électorale qui risque fort de ronronner. Cette perche tendue, s'il acceptait de la saisir, pourrait lui permettre un retour fracassant sur la scène politique et de prendre sa revanche sur ceux qui l'ont privé de deux formations politiques. Celles-ci ont engagé des discussions pour la formation d'une coalition qui pourrait défendre les couleurs des islamistes, après notamment, le soutien du MSP au président Bouteflika. La prochaine échéance électorale constitue l'axe des discussions entre les deux formations. Des sources confient que Mohamed Boulahia et Fateh Rebaï sont à la recherche d'un candidat charismatique qui représente les deux partis lors du prochain rendez-vous électoral. Ceux-ci auraient même abordé l'éventualité de présenter M.Djaballah comme candidat. Il reste juste à savoir si les frères-ennemis arriveront à enterrer leur hache de guerre et revenir à leurs premiers amours. En politique, rien n'est exclut. Les intérêts priment. C'est pour cela que M.Djaballah insiste sur le fait qu'il ne demande pas le soutien des partis politiques qu'il qualifie «de formations vides de contenu et qui ne possèdent aucun programme de changement». Ainsi, l'occasion se présente devant M.Djaballah pour qu'il resurgisse sur le devant de la scène politique nationale.