Le fondateur des mouvements En Nahda et El Islah active sur tous les fronts et ambitionne d'occuper le devant de la scène politique. Ni désarmé, ni démotivé, plutôt confiant et ambitieux. Ayant cru signer son «décès politique» à maintes reprises, Abdallah Saâd Djaballah n'est pas pour autant «mort et enterré». Il est, plutôt, animé d'une grande volonté de revenir sur la scène politique nationale par la grande porte. Et le voilà de retour avec deux initiatives à la main. Réconcilier les enfants du mouvement En Nahda d'abord et constituer un front de l'opposition ensuite. «Nous activons sur deux fronts. Il s'agit en premier lieu de créer un front de l'opposition qui sera ouvert à tous les autres courants politiques de l'opposition et de réconcilier tous les enfants du mouvement En Nahda», a annoncé hier M.Djaballah dans une déclaration à L'Expression. Le fondateur des mouvements En Nahda et El Islah explique mieux ses deux projets politiques. D'abord, il vient de lancer l'idée de constituer un front de l'opposition qui croit au changement. «Nous sommes plus que jamais convaincus que la constitution d'un front de l'opposition est plus qu'impérative», a-t-il dit. Le malheureux candidat à l'élection présidentielle de 2004 invite tous les partis de l'opposition à rejoindre cette idée. «Le projet sera ouvert à tous les partis de l'opposition en dépit de leurs tendances politiques. Il inclut les islamistes, les démocrates et les partis nationalistes qui appellent au changement.» M.Djaballah explique mieux les raisons de «cet appel». «Nous constatons une réelle détérioration des acquis démocratiques et de la situation socioéconomique en Algérie. C'est dans ce souci que le changement est impératif. Mais, pour y parvenir, toute l'opposition doit former un seul bloc.» Le projet de Djaballah est-il vraiment réalisable? Peut-on voir, à titre d'exemple, Djaballah lui-même activer dans un même projet politique avec Saïd Sadi, président du RCD? Serait-il raisonnable, du point de vue politique, d'envisager une alliance entre les islamistes et les démocrates? L'initiateur du projet avance une autre vision des choses. «Tous les partis de l'opposition partagent au moins un point commun: changer le système en place. Ils sont nombreux ceux qui y croient. A mon avis, tout le monde est d'accord sur cette idée. Mieux encore, l'opposition croit aujourd'hui plus que jamais au changement. Nous pourrons donc collaborer les uns avec les autres pour y parvenir.» Pour exprimer sa profonde conviction, M.Djaballah envisage «de prendre des contacts avec ces partis pour passer à l'action». En ce qui concerne son deuxième «projet», ce dernier s'accroche encore mieux à son souhait de reprendre la tête du mouvement En Nahda. Il avoue que des contacts ont été menés avant l'élection présidentielle avec tous les militants du mouvement afin de réconcilier les uns et les autres. «Maintenant que l'élection présidentielle a pris fin, nous reprenons les contacts avec tous nos militants pour préparer un retour commun afin de retrouver le mouvement En Nahda historique.» Evoquant la tenue d'un éventuel «congrès réconciliateur», le même interlocuteur estime qu'il interviendrait une fois que «tous les enfants du mouvement auront rejoint la maison». Il n'écarte pas, toutefois, l'idée d'aller vers un congrès prochainement. «Le congrès sera la dernière étape. Et nous, nous venons juste d'entamer la première étape.» Sur le même sujet, M.Djaballah a déclaré, il y a quelques semaines à L'Expression, que le congrès de la réconciliation aura lieu après l'élection présidentielle. Dans le cas où M.Djaballah gagnerait ce pari, il aurait de fortes chances de devenir la locomotive du courant islamiste. L'occasion lui sera offerte pour le devenir. La dernière débâcle qu'a subie son ancien parti, El Islah, dans l'élection présidentielle, lui sera bénéfique pour rabattre quelques militants sur son camp. Il est connu pour être l'homme politique qui ne baisse pas les bras. Réussira-t-il, donc, à reconduire la mouvance islamiste dont il sera le leader?