Ce parti, avec sa vingtaine de députés, ne cessera pas d'apporter une touche particulière aux débats au sein de l'APN. Avec seulement trois députés au niveau de l'ancienne Chambre basse du Parlement algérien, le PT réussissait, régulièrement, à déranger les grandes tendances, à introduire dans les débats des sujets «révolutionnaires» et à mettre en branle des propositions de loi ne laissant jamais indifférente la vox populi quoique n'aboutissant jamais. Cette tendance, il faut le croire, aura toutes les chances de persister, de manière autrement plus accentuée, dans la future APN. Louisa Hanoune, invitée de notre rédaction depuis peu, avait clairement affiché ses prétentions en disant espérer obtenir un groupe parlementaire. Voilà qui semble être fait. Semble puisque, à en croire de nombreuses sources concordantes proches de la direction nationale de ce parti, le PT risque fort, une fois proclamés par le Conseil constitutionnel les résultats finals de ce scrutin, le PT peut décider de se passer des trois sièges qu'il a pu obtenir en Kabylie. Des sièges qui, il faut le croire, sont loin de refléter la vérité électorale de la région avec son taux de participation tout simplement inexistant. Le PT, qui a, de tout temps, mené une guerre sans merci à la fraude, nous disent des membres de sa direction, ne peut raisonnablement accepter des sièges «usurpés» même si la situation est autrement plus complexe qu'il n'y paraît. A côté de cette préoccupation, il y a les multiples recours introduits et qui, espèrent encore les dirigeants du PT, pourraient lui garantir la vingtaine de sièges dont il a absolument besoin pour jouer convenablement son rôle de parti de l'opposition constructive. Ce n'est donc pas un hasard, comme nous l'écrivions dans notre édition d'hier, que le PT, dans une conférence de presse animée dans la nuit de vendredi à samedi, confirmait que la position définitive et officielle du PT ne sera pas connue avant la proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel. Avec une vingtaine de sièges, en effet, le PT pourra mettre sur le nouveau bureau de l'APN toutes les propositions de loi qui lui tiennent à coeur. En matière de priorités, le parti de Louisa Hanoune pourrait remettre sur le tapis la nécessité de lever l'état d'urgence, mais aussi d'aller vers un dialogue sans exclusive afin de régler définitivement et politiquement le problème sécuritaire en Algérie. L'autre cheval de bataille du PT concerne son rejet de la politique socio-économique du pays, mais aussi de la nécessaire amélioration du pouvoir d'achat. Il ne fait aucun doute, en ce sens, que le PT introduira deux propositions de loi, au moins, visant l'une à stopper l'actuelle politique économique du pouvoir et la seconde à revoir le Smig substantiellement à la hausse. Le PT, qui refusera sans nul doute d'intégrer la coalition gouvernementale, ne lui en sera pas moins d'un très grand secours en jouant, en quelque sorte, le rôle de «mauvaise conscience» de l'Exécutif et en introduisant régulièrement à l'hémicycle la donne citoyenne, celle-là même que les députés ont tendance à oublier dès qu'ils prennent place dans leurs nouveaux sièges, avec de nouveaux habits et de nouvelles habitudes.