Finalement, la baisse de 2 millions de barils/jour tant attendue a été décidée. Si on compte aussi les pays hors Opep (Russie et Azerbaïdjan), c'est au total 2,82 millions/jour qui seront retirés du marché à partir du 1er janvier 2009. Si on devait analyser cette réunion, on s'apercevrait que tous les pays de l'Opep à l'unanimité, et pour des raisons différentes, ont intérêt à ce que les quotas de réduction soient respectés. Car il s'agit bien de cela, la réduction de Vienne n'a pas eu d'effet du fait que l'Arabie Saoudite et d'autres n'ont respecté leur quota de réduction qu'à moitié. Cette fois-ci, aussi bien l'Arabie Saoudite et les pays du Golfe, touchés à la fois par la chute des prix du baril et par l'effondrement de leur Bourse, ont intérêt, au même titre que la Russie, à une remontée rapide des prix du brut. J'avais dit dans une émission de Canal Algérie du 15 décembre que les prix du pétrole sont appelés à remonter pour deux raisons majeures. D'une part, il faut savoir que les puits de pétrole américains sont des puits marginaux, donc pas rentables au-dessous de 50 dollars. D'autre part, toute la production additionnelle en pétrole non-conventionnelle (pétrole bitumineux) et pétrole off-shore serait compromise avec un baril à moins de 70 dollars. Quel est le prix du baril acceptable à la fois par les pays consommateurs, les pays producteurs et la Terre pour qu'elle n'explose pas. Sarkis évalue le prix autour de 100 dollars; l'Arabie Saoudite avance 50 dollars contre toute logique. Il faut savoir d'abord que les prix en dollars courants et en dollars constants sont très différents, le baril de 1982 à 32 dollars dépasse les 90 dollars actuels. De plus, si on calcule le prix du baril par rapport à ses dérivés (essence, gasoil, fuel), c'est un baril de 200 dollars que le citoyen des pays européens paie du fait des taxes qui peuvent aller jusqu'à 80%. Naturellement, un prix élevé permet aux pays industrialisés de s'enrichir par la TIPP sur le dos des consommateurs. Enfin, il faut s'avoir qu'un baril de coca coûte actuellement 159 euros et que 50 ml d'un parfum (Rive Gauche, Chanel n°5) valent 70 euros, soit 90 dollars. Si on ajoute aussi qu'un prix bas au-dessous de 70 dollars compromet dangereusement les programmes de développement des énergies renouvelables. Tout le monde a intérêt à ce que le prix du pétrole soit au-dessus de 70 dollars. C'est donc pour nous, le prix marginal qu'il faut défendre, non pas en tant que rentier qui se tient le ventre à chaque fois que les prix baissent, mais le citoyen du monde, soucieux de ne pas étrangler la croissance mondiale et ne pas hypothéquer l'avenir de la terre par un affolement des changements climatiques.