Plombé par les perspectives économiques mondiales alarmantes, le pétrole n'a plus la cote. Vendredi, le baril a retrouvé ses plus bas niveaux depuis 2004. La baisse de production historique décidée mercredi par l'Opep n'a, en effet, pas suffi à enrayer la chute du baril, lequel est tombé sous les 40 dollars. Alors que l'Opep va réduire sa production de 2,2 millions de barils par jour à partir du 1er janvier, les investisseurs continuent de se focaliser sur le net recul de la demande mondiale. Les chiffres dévoilés par le Département à l'Energie américain ont confirmé cette tendance. La baisse de la production de l'Opep a débuté depuis septembre. L'Organisation totalise une baisse de la production de 4,2 millions de barils par jour en plusieurs phases. La première a débuté en septembre et l'annonce, mercredi, d'une nouvelle baisse de 2,2 millions de baril était attendue et avait déjà été anticipée par les marchés. Il y avait une volonté de frapper fort de la part de l'Opep mais le contexte économique actuel, très mauvais, fait que c'est la demande qui est le souci premier des marchés. Comme l'explique David Evans, analyste chez BetOnMarkets, "la récession mondiale continue à saper la demande" de produits pétroliers. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a indiqué la semaine dernière qu'elle anticipait un recul de 0,2% de la demande de pétrole cette année, à 85,8 millions de barils, la première baisse observée depuis vingt-cinq ans. Concrètement, la consommation mondiale d'or noir devrait plonger de 1,8% ce trimestre, estime l'AIE, qui table, sur douze mois, sur un repli de 3,3% de la demande dans les pays de l'OCDE. En résumé, le rythme de la croissance économique mondiale, qui ralentit dangereusement, renforce l'option d'une détérioration de la demande mondiale de brut. Par ailleurs, les marchés semblent n'avoir pas encore intégré l'annonce de la réduction de la production de l'Opep, qui doit être effective à partir du mois de janvier, d'autant que les intervenants sur les places financières doutent de la discipline de l'Opep en matière de respect des quotas de production. Concernant les doutes sur la discipline des pays membres de l'Opep, le ministre saoudien du pétrole, Ali Nouaimi, n'a pas tardé à réagir en annonçant que le royaume va extraire moins de pétrole en janvier et respecter ses engagements. De son côté, le président de l'Opep, M. Chakib Khelil, a assuré, vendredi, en marge d'une conférence à Londres entre pays producteurs et consommateurs de pétrole, que "les prix du brut avaient touché un plancher autour des niveaux actuels", ajoutant qu'il ne pensait pas qu'il y ait une raison pour qu'ils baissent davantage. M. Khelil a également déclaré à la presse que l'Opep poursuivra la réduction jusqu'à ce que les prix se stabilisent. Il n'a pas, non plus, exclu une autre réunion de l'Opep à Koweït City, le 19 janvier prochain, à l'occasion d'une réunion des chefs d'Etat de la région. Si l'Opep a fait ce qu'elle avait à faire, les pays non Opep, à l'image de la Russie ou de l'Azerbaïdjan, pourtant présents à Oran, n'ont fait aucune annonce concrète pour participer à l'effort de stabilisation du marché pétrolier. Les 13 pays membres de l'Organisation comptaient notamment sur la Russie, 2e producteur mondial après l'Arabie saoudite. L'Opep lui a ainsi demandé d'imiter sa stratégie de réduction de l'offre pétrolière. La Russie pourrait baisser sa production 2009 d'environ 320 000 barils par jour, a expliqué le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, qui était présent mercredi à Oran. Mais cela n'est pas considéré comme étant un engagement de la part de la Russie. Par ailleurs, ce volume annoncé par la Russie ne correspond, selon les observateurs, qu'au recul de sa production en 2009 en raison du sous-investissement dans le secteur pétrolier. Il ne peut donc s'agir d'une baisse volontaire de la production russe.