Les cours du brut continuent de chuter et la Russie met en suspens la possibilité d'une baisse de l'offre des pays producteurs après qu'elle eut décidé une baisse insignifiante de sa production. «L'Opep ne réduira pas sa production d'un million et demi de barils par jour si les pays non membres ne diminuent pas la leur de 500.000 barils par jour», a déclaré le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, lors d'un débat qu'il a animé, hier, au siège du quotidien El-Moudjahid. M.Chakib Khelil a précisé, en somme, que le cartel n'a pas à assumer seul l'effort de conduire le marché à des prix stables alors que sa production globale ne représente que 35% de la production mondiale. Le ministre a également souligné qu'il ne s'agit, à l'heure actuelle, ni de bras de fer ni de guerre entre les pays producteurs de pétrole, mais de «concertation pour l'intérêt de tout le monde». L'Opep a, rappelle-t-on, déjà diminué sa production de 3,5 mb/j depuis le début de l'année en cours. Aussi, lors de sa dernière réunion ministérielle, le cartel avait décidé de réduire, encore une fois, d'un million et demi de barils par jour tout en demandant aux autres pays producteurs un effort de 500.000 b/j. Ce qui vaudra finalement une baisse totale de 2 mb/j. Volume nécessaire pour maintenir les prix, pendant au moins quelque temps, autour des 20 dollars ou, dans le meilleur des cas, des 25 dollars le baril. Les pays non-Opep sont ainsi exhortés à opérer à peine 10% de la réduction car, estime le ministre, ce n'est pas normal que «sans diminuer leur production, ces pays profitent de l'effet consenti par l'Opep» non sans grand sacrifice. L'Algérie, à titre d'exemple, va devoir baisser sa production de plus de 100.000 barils par jour et risque, par ailleurs, une moyenne annuelle de 17 dollars le baril et ce, dans le meilleur des scénarios. Si, malgré tout, les pays producteurs n'arrivent pas à se mettre d'accord sur une réduction de 2 mb/j à partir du 1er janvier prochain, «les prix vont inéluctablement tomber à 10 dollars et peut-être moins», a souligné le ministre pour enfin ajouter: «Tout le monde y perdrait.» Jusqu'à présent, seule la Russie semble se borner à une réduction insignifiante et sans rapport avec ses 7 mb/j. Deuxième exportateur mondial, elle avait décidé, vendredi dernier, de diminuer sa production de 50.000 barils par jour. «Des prix réduits affecteront considérablement l'économie russe qui souffrira également des prix du gaz indexé sur ceux du pétrole», a déclaré M.Khelil, resté toutefois optimiste quant à la coopération de l'Administration Poutine, quand cette dernière sera confrontée à la réalité du marché. Le Mexique compte, pour sa part, fermer ses vannes à hauteur de 100.000 b/j tandis que la Norvège, sensible à des prix plancher, envisage une réduction de 100.000 à 200.000 b/j. Le marché pétrolier évolue entre-temps à la baisse et demeure sceptique quant à une participation notable de la Russie à l'effort commun. Cette dernière remet cruellement en cause l'éventualité d'une baisse de la production mondiale et, par conséquent, un soutien effectif aux cours.