«En tant que parti, nous avons notre propre position qui défend les causes sociales et les intérêts des travailleurs.» Le FLN a connu hier, un moment de tension. Une prise de bec entre l'ambassadeur d'Algérie au Caire, Abdelkader Hadjar, et le secrétaire général du FLN a, en effet, marqué le deuxième jour des travaux du conseil national du FLN tenu à l'hôtel El Aurassi. Dans son intervention, M.Hadjar a développé un discours très critique sur l'action du parti. «Le FLN ne doit pas être un parti qui adopte tout et qui accepte tout», a-t-il clamé en surprenant toute l'assistance. En termes plus clairs, «notre programme n'est pas celui du Président car ce dernier est inspiré des programmes de tous les partis.» Précisant qu'il n'est pas contre le soutien au Programme du président de la République, M.Hadjar a rappelé à l'ordre la direction de son parti. «Le parti doit sauvegarder sa position», a-t-il martelé avant d'ajouter: «En tant que parti, nous avons notre propre position qui défend les causes sociales et les intérêts des travailleurs.» Membre influent dans les instances du parti et connu par ses positions franches, directes et sans concession, sa présence n'est pas passée inaperçue. Malgré sa mine affaiblie, l'initiateur du mouvement de redressement n'a pas raté l'occasion pour exprimer son mécontentement à l'égard de certaines orientations du parti. La présentation du rapport de la commission du programme lui a ouvert l'appétit. Très irrité, il a épluché le contenu du document. «Le rapport rassemble le programme du parti et les réalisations du gouvernement», a-t-il affirmé. Même si la mondialisation a imposé des choix au gouvernement, insiste-t-il, le parti doit préserver sa position. «Le programme du parti est différent du Programme quinquennal», a déclaré M.Hadjar. Il a évoqué, dans ce sens, la question des privatisations et de la vente des terrains agricoles ainsi que l'ouverture des écoles privées. Vu son poids historique, le FLN est censé préserver ses positions partisanes et ne pas cautionner toutes les démarches. Ces propos ont irrité le secrétaire général du FLN. M.Belkhadem s'est vu obligé de répliquer: «Ce sont des détails», a-t-il clamé d'un air très dérangé à l'adresse de M.Hadjar. Lors de la conférence de presse qu'il a animée à la fin des travaux du conseil national, M.Belkhadem est revenu sur cette confrontation. «Il n'y a pas de contradiction ou de différence entre le programme du parti et celui du Président», a-t-il assuré. Il a tenu à expliquer que le programme du parti est un programme de gouvernance. «Lorsque nous serons majoritaires au gouvernement, nous appliquerons notre programme», a-t-il expliqué. Et d'ajouter: «Cette cohabitation est imposée par la nature du système. C'est pourquoi nous revendiquons une révision profonde de la Constitution.» Concernant le gel de l'annonce de la candidature officielle du Président au rendez-vous de 2009 prévue lors de ce conseil, M.Belkhadem affirme: «C'est pour des raisons politiques évidentes.» Le parti, explique-t-il, ne peut pas se prononcer sur la candidature officielle du Président tant que ce dernier ne l'a pas fait. Un autre argument de taille: le président est le candidat de tous les partis, entre autres, ceux de l'Alliance. Le conseil national s'est contenté ainsi de valider uniquement son soutien à la candidature «du militant et du Moudjahid Abdelaziz Bouteflka.» Cette résolution a été adoptée à l'unanimité par les membres du conseil. La résolution, rappelons-le, a semé la zizanie au sein de l'instance exécutive. Alors que tout le monde attendait l'annonce de la candidature de M.Bouteflika par le FLN, le parti a revu ses calculs à la dernière minute. Dans sa déclaration de politique générale, le parti a mis l'accent sur l'urgence de la révision de la loi sur les partis, la loi électorale et les Codes communal et de wilaya et sur la promotion de la langue arabe en omettant la langue amazighe. Il a fallu l'intervention du mouhafedh de Tizi Ouzou, pour que la direction se rattrape. A propos des textes qui nécessitent d'être revus dans la Constitution, M.Belkhadem a cité l'exemple du Sénat. Tout en étant favorable à son maintien, il insiste sur la révision du système de vote. «Il faut revoir la méthode de suffrage pour éviter à la minorité de bloquer le gouvernement», a-t-il conclu.