Amar Tou, Tayeb Louh, Salah Goudjil et le sénateur Abderrezak Bouhara convoitent également le poste de secrétaire général du vieux parti. Quand les centres de décision au pouvoir éternuent, le FLN s'enrhume. Et en ces temps de panique mondiale contre la grippe porcine, il n'est pas bon de s'enrhumer. Le secrétaire général de l'instance exécutive du vieux parti, Abdelaziz Belkhadem, risque d'être emporté par la bourrasque des changements en perspective. Des sources crédibles rapportent que c'est Abdelkader Hadjar, l'ambassadeur d'Algérie au Caire, qui remplacera M.Belkhadem à la tête du parti. Ce poste est actuellement sérieusement convoité par le ministre des Transports, Amar Tou, le ministre du Travail, Tayeb Louh, le membre de l'instance exécutive, Salah Goudjil et le sénateur Abderrezak Bouhara indiquent les mêmes source ajoutant que M.Hadjar est prêt à rentrer du Caire pour se consacrer au parti. Avant-hier, M.Belkhadem a confirmé en exclusivité à L'Expression qu'il préfère abandonner son poste de ministre d'Etat pour le parti. Il aura tout à gagner à reporter, encore une fois, le congrès du FLN annoncé avant la fin de l'année en cours. Mais pourra-t-il stopper la machine ou plutôt le rouleau compresseur «Hadjar» qui est déjà en marche? A l'évocation du nom de Abdelkader Hadjar, il vient d'ailleurs à l'esprit la fougue avec laquelle il s'est engagé en 2004 pour réduire à néant tout l'édifice construit par l'ancien secrétaire général du parti, Ali Benflis. C'était ce qui s'appelait à l'époque le mouvement de redressement du FLN. Tout en étant au Caire, M.Hadjar a toujours gardé un oeil sur ce qui se tramait dans son parti qu'il surveillait comme du lait sur le feu. Il a commencé à se démarquer progressivement du mode de gestion imprimé par M.Belkhadem jusqu'à l'exprimer de manière «volcanique» il y a cinq mois. Alors que la deuxième journée du conseil national du FLN se déroulait normalement à l'hôtel El Aurassi, le 21 décembre dernier, M.Hadjar monte à la tribune et rappelle à l'ordre la direction du parti. «Le FLN ne doit pas être un parti qui adopte tout et qui accepte tout», a-t-il dénoncé non sans surprendre l'assistance. «Le parti doit sauvegarder sa position», a-t-il martelé avant d'ajouter: «En tant que parti, nous avons notre propre position qui défend les causes sociales et les intérêts des travailleurs.» C'est ainsi qu'il a annoncé la couleur et exprimé officiellement sa position par rapport à l'actuelle direction du parti. Ce remue- ménage qui se prépare au FLN n'est en fait qu'un avant-goût de ce qui s'annonce dans les prochains mois. Un changement qui touchera profondément aussi bien la composante gouvernementale, sa structure jusqu'à la conception même de la démocratie et du multipartisme en Algérie. Comme il a déjà été annoncé, il est attendu, avant la fin de l'année, la formation d'un gouvernement jeune et de technocrates. Ces jeunes cadres occuperont des postes de secrétaires d'Etat. De même des superministères seront créés. L'Algérie dispose de centaines de cerveaux surdiplômés, sortis des grandes écoles et universités dont le seul nom impose le respect. Des centaines de génies capables de provoquer le déclic dans une Algérie qui sombre dans la léthargie. A ces réajustements dans l'architecture gouvernementale, des changements profonds toucheront également le champ politique. Des sources proches du sérail rapportent que les pouvoirs publics pensent sérieusement à adopter un système politique bicéphale, tel qu'il est pratiqué dans les grandes démocraties comme la France, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis d'Amérique. On ira donc vers la création de deux grandes tendances partisanes qui se disputeront l'alternance à base de programmes politiques. Cependant, cette idée inspirée par l'échec de la multitude des partis en Algérie, ne sera pas effective sur un coup de baguette magique. Car si on estime que l'actuelle alliance présidentielle (le FLN, le RND et le MSP) constitue la première tendance, la question est de savoir qui sera l'autre partie? Ou plutôt d'où sortira cette deuxième tendance? Les pouvoirs publics vont-ils ouvrir le champ politique et médiatique à même de permettre l'émergence naturelle de cette tendance ou vont-ils alors la créer de toutes pièces? La question est cruciale mais c'est le prix du changement.