Les grèves, les protestations des élèves et des enseignants ne sont en fait que l'expression d'un malaise au sein du secteur de l'éducation nationale. L'éducation prend la part du lion du budget de l'Etat prévu dans la loi de finances 2009. Quelque 374 milliards de DA ont été alloués à ce secteur. Cette décision a été annoncée avant-hier à l'issue du Conseil des ministres présidé par Abdelaziz Bouteflika. Avec une pareille enveloppe, l'éducation a dépassé de très loin l'enseignement supérieur (154 milliards DA) et la formation professionnelle (25 milliards DA). Mais à bien regarder les résultats de ces milliards dépensés, le constat n'est guère reluisant. De l'avis des experts, le secteur de l'éducation est loin de donner satisfaction tant la qualité de l'enseignement laisse à désirer. L'Ecole algérienne s'éloigne, chaque année davantage, de ce qui est attendu d'elle. Les grèves, les protestations des élèves et des enseignants ne sont en fait que l'écume de ce malaise au sein du secteur de l'éducation nationale que le ministre du secteur refuse de voir. L'enseignement, chez nous est connu par des perturbations en permanence. Plusieurs grèves ainsi que des contestations ont été enregistrées au niveau de tous le paliers ces dernières années. Le ministre Benbouzid ne manque aucune occasion pour afficher le contraire. Il démontre toujours sa satisfaction des résultats réalisés par son secteur. Les réformes ont été décriées par des syndicats du secteur, des enseignants, des élèves, qui sont sortis à plusieurs reprises dans la rue pour réclamer un allègement des programmes, sans jamais être prises en considération. Le silence du ministre a failli causer l'irréparable parmi les syndicats autonomes. Les 40 jours de la grève de la faim des enseignants contractuels n'ont, à aucun moment, fait bouger le ministre. Ces contractuels sont des êtres humains, ils éduquent les générations futures, ils méritent du moins l'ouverture de dialogue afin de crever l'abcès. En termes d'infrastructures, le ministère a des défis à relever. Ils sont encore assez nombreux même si, devrions-nous le reconnaître, de grands efforts sont déployés pour construire davantage de structures éducatives (410 CEM et 111 lycées seront réceptionnés avant la fin décembre prochain). Le département de Benbouzid va mettre, ces jours-ci, pendant la rentrée scolaire, à la disposition des élèves, les manuels scolaires nécessaires. Quelque 30 millions de manuels seront distribués gratuitement à une partie des élèves. Concernant le recrutement, le ministère de l'Education s'est engagé à ouvrir 26.000 postes budgétaires pour les enseignants et 950 autres pour les inspecteurs. Malgré ces progrès qui ont mis du retard quant à leur réalisation, il n'en demeure pas moins que l'Ecole algérienne a encore du chemin à faire pour sortir la tête de l'eau. «Il n'y a qu'à voir le niveau de ces bacheliers qui arrivent en masse à l'université! Rares sont ceux qui savent écrire une demande», entend-on dire des citoyens de différents âges. C'est un résultat attendu puisque le Bac, chez nous, commence à perdre sa valeur. Si on ne parle pas de fuite de sujets, on évoque les erreurs commises dans les sujets à traiter durant l'examen. N'est-ce pas là un échec qui ne dit pas son nom de la réforme éducative? Les parents ont l'impression que leurs enfants servent de cobayes. Ils se retrouvent dans l'obligation d'envoyer les écoliers suivre les leçons dans les écoles privées afin d'assurer la mise à niveau rendue nécessaire de leurs enfants. Les propriétaires de ces dernières ont eux aussi des problèmes avec le ministère. Sous prétexte de «l'intérêt majeur des élèves», plus de 50 écoles privées ont mis la clé sous le paillasson. C'est une manière de suivre un seul programme, une seule langue et une seule vision, celle de l'Algérie qui...recule.