L'organisation des droits de l'Homme, Amnesty International, vient de rendre public le rapport de synthèse 2000-2001, sur la situation des droits de l'Homme en Algérie dominé par le thème de l'«impunité». Un rapport critique, mais qui recèle une certaine neutralité assez inhabituelle de la part de l'organisation londonienne. Sur le volet judiciaire, Amnesty a blâmé le gouvernement algérien sur le fait qu'il n'ait pas rendu public «le calendrier d'application des mesures» relatives aux décisions concernant les modifications de la loi, suite à la réforme du système judiciaire. Elle cite, notamment, l'obligation pour les détenus de passer un examen médical, à la fin de la période de garde à vue. Amnesty International revient également sur l'«amnistie des groupes armés»,indiquant que le gouvernement n'a pas rendu publique la liste des membres de groupes terroristes, ayant bénéficié de la loi sur la concorde civile. Elle reproche au gouvernement de ne pas avoir divulgué leur nombre, qu'elle estime pourtant à 5.500, selon des sources gouvernementales : 1.000 appartiendraient à l'AIS de Madani Mezrag et à la Lidd de Ali Benhadjar, alors que 4.500 seraient issus du GIA de Antar Zouabri et du GSPC de Hassan Hattab. Amnesty International (A. I.) souligne: «Pourtant, alors que la date butoir avait été dépassée, certains responsables gouvernementaux, dont le Président, ont fait savoir que les combattants qui se rendaient de leur plein gré, pourraient, eux aussi, bénéficier de mesures de clémence, par ailleurs, non précisées.» C'est l'«extension» de la loi de la concorde civile qui est mise en accusation par cette organisation qui ne s'attarde pas, paradoxalement, sur les résultats positifs engendrés par la reddition de plusieurs milliers de terroristes qui ont réintégré la société dans l'ensemble sans fracas. Dans la lignée de ces précédentes déclarations, Amnesty évoque l'«impunité» dont continueraient à bénéficier les forces de sécurité et les «milices», ainsi que les «membres des groupes armés» qu'elle veut voir «juger». Une position classique qui tend à mettre sur un pied d'égalité les impératifs de la lutte antiterroriste et les massacres perpétrés par les «groupes armés» contre les populations civiles. Sur ce plan, Amnesty ne semble pas avoir accompli une avancée notable dans la compréhension du drame algérien. En évoquant ce qu'elle qualifie de «meurtres», AI indique que «le nombre des meurtres qui avaient, sensiblement, diminué en 1999, n'a pas continué à baisser en l'an 2000; à la fin de l'année, il était même en hausse», en référence aux massacres du ramadhan dernier, dans le Centre algérien. Sur le cas des disparitions que AI estime à 4.000, alors que le ministère de la Justice a toujours fait état de 3.019, avec 1.146 affaires élucidées dans ce sens, cette organisation estime que le gouvernement algérien «n'a pris aucune mesure concrète». En tout état de cause, la litanie des reproches d'Amnesty envers l'Algérie n'a pas varié, malgré le fait que cette ONG a pu se rendre par deux fois en Algérie et mener des investigations sur le terrain. La réponse au mémorandum d'Amnesty par la présidence était pourtant assez édifiante sur les intentions de la collaboration algérienne et la bonne foi du gouvernement pour donner des réponses adéquates sur la situation des droits de l'Homme, réponses qui doivent être exploitées dans un esprit d'impartialité, d'équité et d'objectivité. Ce qui ne semble pas être le cas avec ce nouveau rapport.