La libération du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi est saluée comme un geste de bonne volonté et de pas positif vers la réconciliation nationale. Sitôt libéré, le président mauritanien a réclamé la restitution de ses droits constitutionnels. «J'ai été élu pour un mandat de cinq ans, et le putsch était survenu après 15 mois. Seul le peuple mauritanien peut m'obliger à quitter le pouvoir», a précisé le chef de l'Etat qui a, en outre, rejeté les accusations de corruption portées à son encontre par les auteurs du putsch, pour justifier leur action. En outre, il a assuré qu'il poursuivra les contacts entrepris avec les pays occidentaux «jusqu'à ce que ses fonctions de chef d'Etat lui soient restituées». Elu en mars 2007, le président mauritanien a été renversé par un coup d'Etat exécuté par la junte militaire, actuellement au pouvoir. La Ligue arabe a estimé, hier, que la libération du président mauritanien déchu M.Sidi Ould Cheikh Abdallahi est «un pas positif et important vers la réalisation d'un consensus national pour la résolution de la crise actuelle dans le cadre du dialogue national global qui garantit la légalité constitutionnelle et préserve les institutions démocratiques et leurs acquis». La libération du président est intervenue dimanche dernier, après plusieurs appels de la communauté internationale qui avait condamné le coup d'Etat en Mauritanie. Ce faisant, elle est allée jusqu'a brandir la menace de sanctions contre ses auteurs. Sous la pression de la communauté internationale, l'auteur du coup d'Etat, le général Ould Abdel Aziz, s'était, rappelle-t-on, engagé à libérer «sans conditions» et au plus tard le 24 décembre Ould Cheikh Abdallahi. Dans une interview diffusée, hier, par Radio France internationale, le président a accusé les putschistes de vouloir «organiser des manifestations contre ma libération». De telles manifestations contre la remise en liberté du président ont eu lieu, dimanche après-midi, notamment à Kankossa (sud-est), localité endeuillée en 2007 par la mort d'un jeune homme au cours de manifestations contre la cherté de la vie, ainsi qu'à Tintane (sud-est), ville victime de graves inondations en 2007. Les manifestants de Kankossa portaient des photos d'Ould Taleb Navae, tué par un agent de la sécurité au cours de ces manifestations de 2007. De son côté, le Front national pour la défense de la démocratie (Fndd, coalition de partis anti-putsch), en Mauritanie, a annoncé dimanche au cours d'une conférence de presse sa détermination à continuer la lutte pour le retour à la légalité constitutionnelle par des moyens pacifiques, après la libération du président renversé Cheikh Abdallahi. Selon le président du Fndd, Bodjel Ould H'Momeid, la libération du président déchu «est une des exigences du peuple mauritanien et de la communauté internationale. La deuxième exigence, et la suite logique de l'évolution de la situation politique du pays est son rétablissement dans les prérogatives constitutionnelles découlant des résultats du deuxième tour de l'élection présidentielle du 25 mars 2007, qui lui attribue un mandat de 5 ans». Rappelons que le nouveau pouvoir organise, du 27 décembre au 5 janvier, des «états généraux de la démocratie», journées de concertation qui doivent fixer la date d'une élection présidentielle et auxquelles tous «les acteurs politiques» sont conviés. Le président Sidi a déjà opposé un niet «catégorique» à cette invitation..C'est dire que le retour à la vie constitutionnelle n'est pas pour demain.