Le président mauritanien, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, renversé par un coup d'Etat militaire début août, a été libéré hier et ramené à son domicile à Nouakchott après 136 jours de maintien en « résidence surveillée ». « Le président Cheikh Abdallahi a été libéré, quatre véhicules militaires sont venus le prendre à Lemden (son village natal situé à 250 km de la capitale) pour le ramener aux premières heures à Nouakchott », a déclaré à la presse une source sécuritaire. « Il a été déposé par les militaires chez lui, à son domicile privé de Nouakchott. Il est désormais libre de ses mouvements », a ajouté cette source. Le président Cheikh Abdallahi a été détenu pendant 136 jours, officiellement placé « en résidence surveillée » depuis le putsch du 6 août, mené par le général Mohamed Ould Abdel Aziz. La libération du président mauritanien est intervenue après plusieurs appels de la communauté internationale, qui a condamné le coup d'Etat en Mauritanie et a brandi la menace de sanctions contre ses auteurs. Le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), opposé au coup d'Etat militaire d'août dernier, a affirmé le même jour que la libération du président mauritanien renversé, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, constitue « un pas sur la voie de la restauration » dans ses fonctions en tant que seul chef d'Etat « légitime ». Cette remise en liberté, « accordée sous forme de cadeau à la communauté internationale, est pour nous un pas sur la voie de la restauration du président dans ses prérogatives en tant que président légitime », a déclaré à la presse, un porte-parole du FNDD, Yahya Ould Sid El Moustaphe. « La libération du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi ne change en rien notre agenda politique. Notre programme de lutte contre le putsch et pour la restauration du président légitime dans ses fonctions constitutionnelles reste inchangé », a assuré cet ancien ministre du gouvernement destitué le 6 août et vice-président du parti Adil du président déchu. A signaler que le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) doit examiner aujourd'hui à Addis-Abeba, siège de l'UA, en réunion extraordinaire les situations politique et sécuritaire en Mauritanie, en Somalie et en République démocratique du Congo (RDC). Cette rencontre qui verra la participation du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, fait suite à celle tenue à New York, le 22 septembre dernier, en marge des travaux de l'Assemblée générale des Nations unies. Le CPS avait adopté à ce moment-là une résolution dans laquelle il a réitéré les positions de l'UA sur les différentes questions qu'il avait examinées, notamment les développements intervenus en Mauritanie et en Somalie. Le CPS avait appelé, en marge de l'Assemblé générale de l'ONU, au rétablissement de l'ordre constitutionnel en Mauritanie et exhorté les auteurs du coup d'Etat à relâcher le président Abdallahi. A rappeler que Le président mauritanien, dont la candidature à la présidentielle de 2007 avait été soutenue par les officiers les plus influents, avait été destitué par ces mêmes officiers le matin du 6 août. Il venait d'annoncer le limogeage des chefs des quatre corps d'armée, dont le commandant de la garde présidentielle, le général Ould Abdel Aziz. Ce dernier n'a pas cessé depuis de fustiger les 15 mois de gestion de Sidi Ould Cheikh, qu'il présente comme « l'ancien président rêvant d'être encore président ». Le nouveau pouvoir organisera du 27 décembre 2008 au 5 janvier 2009 des « états généraux de la démocratie », journées de concertation qui doivent notamment fixer la date d'une élection présidentielle et auxquelles tous « les acteurs politiques » sont conviés. Le président Abdallahi a déjà répondu « catégoriquement non » à cette invitation, dans un entretien au journal français Le Monde.