Cette communauté est issue d'anciens déportés d'Algérie qui avaient participé au soulèvement contre l'armée française d'occupation. «Les déportés algériens et maghrébins en Nouvelle-Calédonie», tel était le sujet de la conférence-débat animée par l'écrivain Ouenoughi Mélika avant-hier soir à la Maison de la culture de Béjaïa. C'est aussi le titre de son nouveau livre, dont la vente-dédicace a été assurée par les éditions Casbah, le même jour dans le hall. L'invité de la direction de la culture de Béjaïa a ensuite développé longuement la présence de cette communauté en Nouvelle-Calédonie. Une présence qui remonte à plusieurs générations, soit de 1864 à nos jours. Cette communauté est issue d'anciens déportés d'Algérie qui avaient participé au soulèvement contre l'armée française d'occupation. Jugés, ils furent déportés vers la Nouvelle-Calédonie. L auteur établira, à l'issue de ses recherches, une liste inédite, suivant des critères culturels et traditionnels encore vivaces. La touiza, la ouziaâ, la sadaka tadjmaït, autant de facteurs qui ont guidé ses recherches et qui marquent la fidélité des déportés à leur pays d'origine. Les premiers arrivants de cette communauté furent déportés en 1873. La grande majorité réside dans la vallée de Nessadiou et Bourail, une petite ville proche de cette vallée. Pour la conférencière, les principales causes de ces déportations sont liées aux différents soulèvements populaires en Algérie, dont celui de 1871. L'occupation de leur pays, l'oppression exercée sur eux, la misère et l'arbitraire des colons les ont irrités. Beaucoup se soulèvent comme la confrérie Rahmania de Seddouk à sa tête Mohamed Améziane Ben Cheikh El Haddad et les Mokrani de la kalaâ de Beni Hammad. Arrêtés, ils furent jugés au tribunal de Constantine. Après le procès des chefs de l'insurrection ou de ceux ayant miraculeusement échappé aux conseils de guerre et exécutions sommaires, un arrêt d'accusation les renvoie ensuite devant la Cour d'assises de cette juridiction avec, au bout, un verdict sans appel: la déportation en Nouvelle-Calédonie pour la plupart d'entre eux. La Nouvelle-Calédonie devient terre d'exil pour de nombreux «bagnards» français qui se sont rendus coupables de délits ou de crimes de droit commun ainsi que pour les communards français de Paris qui se sont soulevés contre le pouvoir en place. Elle le devient aussi pour un grand nombre d'Algériens injustement déportés à partir de 1873 pour s'être révoltés contre l'occupant français. Ces déportations, rythmées par les différents soulèvements populaires, se sont poursuivies bien au-delà de 1881. La révolte initiée par Mohamed El Mokrani éclate en Kabylie peu après les événements de la Commune de Paris en 1871. Aujourd'hui, après six générations, des coutumes et traditions témoignent de l'attachement encore présent de cette communauté avec son pays d'origine. Au cours des débats, des intervenants ont soulevé la nécessité de lier des contacts avec cette communauté via le mouvement associatif et les échanges culturels.