Est-ce le début de la fin du SG du RND? Le bureau national du RND prend «la poudre d'escampette». Fort d'une adhésion à sa dissidence contre Ouyahia, le groupe de Nouasri prend d'assaut le siège même du parti. Les membres du bureau national, clan Ouyahia, désertent les bureaux en emportant tous les documents et le chef du parti ne donne pas signe de vie. Un vrai séisme secoue actuellement le RND. Tout porte à croire que c'est le début de la fin politique pour Ouyahia.. Le siège du RND est depuis deux jours entre les mains des dissidents, dont la rébellion prend de l'ampleur depuis quelque temps. Un nombre important d'adhérents et de cadres se sont en effet, joints au mouvement. La salle était archicomble au point que lorsque Kacem Kébir évoquait l'exigence «de la démission collective des membres du bureau» elle a vibré d'applaudissements. Les résultats jugés humiliants des élections législatives n'ont fait, semble-t-il, que contribuer à la précipitation de la chute qui s'annonce imminente. En effet, le nombre des membres du conseil national ayant rallié le comité de sauvegarde du RND ne fait qu'augmenter. Les membres de ce comité se sont vantés en déclarant que le camp adverse, à leur tête Chihab Seddik, un des proches d'Ouyahia, a essayé d'organiser une rencontre parallèle pour voler la vedette, en vain. «Il n'y a actuellement que quatre chats au siège de la Grande-Poste (....) tout le monde est là», nous déclare un membre dissident du conseil national. Dès leur installation au siège national de Ben-Aknoun, les membres de la commission de sauvegarde du RND se sont réunis pour étudier les possibilités d'élargir la dissidence de manière à pousser Ouyahia à la démission. A l'issue de cette rencontre, ils ont rédigé un communiqué d'une extrême virulence à l'encontre du chef du parti, qui ne s'est toujours pas prononcé sur ce qui arrive. Ouyahia a été rendu responsable de tous les «maux». Les principales accusations vont de la déviation de la ligne «nationaliste» du parti jusqu'à l'aveugle ambition de prendre la magistrature suprême du pays. «Il est imbu de sa personne» nous déclare Nouasri. Selon les termes du communiqué, distribué à la presse nationale, «Ouyahia a dévié de la ligne politique du parti, par l'adoption d'une idéologie laïque éradicatrice, complètement étrangère à celle du parti qui puise son essence de la déclaration du 1er Novembre 1954». Les rédacteurs de ce communiqué ne se sont pas arrêtés là ils accusent ouvertement Ouyahia d'avoir semé la discorde entre Algériens et mené le parti vers un télescopage avec le Président de la République et la concorde nationale. Cette politique, estiment les acteurs de cette rébellion, est semblable à celle faite par Ouyahia contre Ben Benbaïbeche, l'ancien SG. «Il n'y a qu'à voir les résultats du scrutin (...) Est-ce une sale mission pour laquelle Ouyahia avait rejoint le parti?» D'une manière un peu moins virulente, les membres du comité de sauvegarde du RND ont prié Ouyahia, ainsi que tous les membres du bureau national, de démissionner «ne serait-ce que pour sauver l'honneur». En insistant sur le fait qu'ils n'entendent pas accaparer le parti, les membres de la commission de sauvegarde du RND ont enfin appelé à une session extraordinaire ouverte aux membres fondateurs pour sauver «les meubles d'un RND en feu».