Toutes les grosses cylindrées tiendront leurs assises, le premier trimestre. La classe politique donne des signes d'une profonde hibernation en ce mois sacré de ramadan. Un calme quelque peu trompeur, puisque les états-majors de partis planchent sérieusement sur la préparation, en catimini, de leurs congrès respectifs. A quelques encablures de l'élection présidentielle, ce retour à la base est synonyme de rampe de lancement pour les candidats à ce rendez-vous électoral majeur. Cette importante réunion organique donnera au responsable, qui sera élu, les pleins pouvoirs au sein de son parti. Toutes les grosses cylindrées de la politique ont choisi de fixer la date de la tenue de leur congrès pour le premier trimestre de l'année 2003. Il est évident que les assises les plus attendues sont celles du FLN et de son dauphin le RND. Le premier, qui a réuni son comité central au lendemain de sa victoire aux locales, avait laissé à l'appréciation du seul secrétaire général, l'organisation du congrès. Une attitude interprétée comme une marque de reconnaissance de la direction du vieux parti à l'endroit du SG qui a réussi à rendre au FLN sa place de première force politique du pays. Le congrès va, à coup sûr, consolider Benflis dans sa position de numéro 1 du parti, même si certains anciens responsables seraient tentés de créer une brèche aux fins de revenir sur le devant de la scène partisane. En revanche, le leader du RND, Ahmed Ouyahia, n'a manifestement pas la même chance. Il fait face à une contestation interne conduite par le groupe de Nouasri qui ne perd pas espoir de déstabiliser la direction actuelle en organisant des rencontres avec des militants et même certains cadres du parti et ce, dans le but avéré d'écarter Ouyahia du RND. Les dissidents attendent la meilleure occasion pour passer à l'offensive. Selon eux, le congrès est le moment propice pour tenter d'écarter de la direction du parti Ouyahia qui, visiblement, n'accorde aucun crédit aux dissidents. Le RND devra réunir son conseil national pour fixer la date exacte du congrès. C'est à cette occasion que le SG compte apporter quelques changements au niveau du bureau national, un bureau qui aura pour mission de maintenir Ouyahia à la tête du parti après le congrès. Si certaines figures de proue du rassemblement seront écartées du bureau national, certains proches d'Ouyahia, à l'image de Miloud Chorfi et Malki vont renforcer leurs assises à la direction en guise de récompense au travail effectué lors de crise qui a secoué le parti à la fin du mois de juin dernier. L'autre parti concerné par un vent de changement, le premier trimestre de l'année 2003, est le MSP du cheikh Mahfoud Nahnah. Très affaibli par les résultats des dernières élections, le Mouvement pour la société et la paix passe par une période difficile. De plus, la maladie de son leader qui l'a écarté de la direction du parti a fait du tort à la stabilité du parti islamiste. A l'approche de la présidentielle, certains cadres, représentant l'aile radicale du parti, caressent l'ambition d'être candidats du MSP à la magistrature suprême. Ils sont en train de maintenir la pression sur le majliss echouri, pour présenter un candidat du parti après le désistement du cheikh. Mais le président du majliss reste fidèle à Nahnah et les différentes tentatives sont restées vaines pour le moment. Le mouvement Ennahda aura, lui aussi, la difficile tâche d'organiser son congrès en décembre prochain. Après les résultats catastrophiques aux élections législatives et locales, le parti a du mal à se redresser et ce, malgré une campagne politique honnête réalisée par son nouveau leader, Fatah Rebaï. Ce dernier refuse cependant de se présenter comme candidat à la tête du parti, ce qui laisse planer le doute sur le devenir politique de ce parti, ancien membre de la coalition gouvernementale. De son côté, le Parti des travailleurs prépare sereinement le rendez-vous, avec une note de satisfaction après les résultats satisfaisants obtenus lors des deux dernières élections. Le congrès pourrait lancer une nouvelle fois Mme Louisa Hanoune sur la piste d'El-Mouradia, avec tout de même un objectif prioritaire : rassembler les 75.000 signatures nécessaires pour sa candidature. Il est clair que le début de l'année sera, à coup sûr, le théâtre de bouleversements politiques importants, fait de tractations et d'alliances stratégiques. Ce sont résolument les congrès de la vérité pour l'ensemble des grands partis de la scène politique.