Après plusieurs coups de force de l'opposition, il a fini par baisser les bras, préférant démissionner de son poste de secrétaire général du parti. Ce n'est qu'après avoir entendu tous les membres du conseil national, jusqu'à une heure tardive de la nuit de jeudi à vendredi, qu'Ouyahia a pris la décision de quitter le parti. Les dizaines de membres qui lui affichaient leur soutien tout au long de ce conseil national mouvementé ont tenté vainement de le retenir. Après un discours d'une heure et demie, Ouyahia a quitté la salle vers minuit, visiblement désarçonné par les trop nombreuses critiques formulées à son encontre. Tout avait mal commencé le matin, quand des membres du conseil national, opposés au chef du RND, ont voulu forcer l'entrée de la salle de réunion. Malgré l'intervention musclée de la garde rapprochée du ministre, représentant personnel du Président de la République et quelques coups lancés dans le tas, dont Kassem Kebir a été la principale victime, les partisans de Aïssa Nouasri ont fini par avoir gain de cause et dire leur quatre vérités à Ouyahia. A l'extérieur, la tension était aussi grande. Des militants proches d'Ouyahia échangeaient des propos vifs avec les partisans de Nouasri. En retrait, Chérif Rahmani observait avec prudence et évitait surtout de participer aux débats houleux qui naissaient ici et là. Bien que l'actuel ministre de l'environnement soit membre du conseil national du RND, il n'a pas voulu participer à la réunion. D'ailleurs, quand on lui a demandé s'il était avec Ouyahia, Rahmani s'est contenté de répondre: «Moi, je suis avec le RND.» Une manière assez franche de se situer au-dessus de la mêlée et de se présenter en sauveur attendu. Durant la pause-déjeuner, Ouyahia s'est enfermé avec quelques-uns de ses proches pour tenter de trouver une issue honorable à cette crise. Dans le même temps, les renforts arrivent, plusieurs cadres et ex-députés à leur tête l'ex-président du groupe parlementaire du RND, Nouredine Terbag écartés injustement par Ouyahia des listes électorales, arrivent sans doute motivés par le coup de force de Nouasri dans la matinée. L'arrivée de Bensalah, et de quelques ministres n'ont pas évité le chaos pour l'équipe de l'ex-ministre de la Justice. Sentant le vent tourner, des gens connus pour être proches de Ouyahia changent de camp et s'allient aux opposants. C'est le début de la fin. Sollicité pour le remplacer, l'ex-président de l'APN, M.Bensalah a décliné l'offre. Ce qui a affaibli l'actuel bureau national du parti qui a choisi de placer Malki, secrétaire général du parti par intérim qui, à son tour, a décidé de reporter le conseil national à jeudi prochain. Pendant ce temps, les partisans de Djabir Kahlouche présentent déjà Rahmani comme successeur potentiel à Ouyahia. Après être arrivé par un putsch, Ouyahia a fini par quitter le parti, par la petite porte non sans une note d'élégance avant le point final, celui du départ.