La validation du scrutin en Kabylie vient d'ouvrir une nouvelle porte vers l'inconnu. Le Conseil constitutionnel a officiellement proclamé les résultats des législatives du 30 mai dans les délais impartis par la loi. Presque aucun changement n'a été introduit aux chiffres annoncés vendredi passé par Yazid Zerhouni. Et pour cause. Les recours, tel que prévu par l'article 118 de la loi organique portant régime électoral, ne peuvent être déposés que durant les 4 jours suivant la proclamation des résultats par le Conseil que préside désormais Mohamed Béjaoui. Selon les résultats officiels, donc, le FLN garde la majorité absolue, avec 199 sièges sur les 389 prévus à la Chambre basse du Parlement Algérien. Aucun des résultats enregistrés n'a été modifié hormis ceux du RND et des indépendants. Le parti de Ahmed Ouyahia, qui a déjà essuyé une très lourde défaite, vient de céder un autre siège au profit des indépendants. Il passe, ainsi, de 48 à 47 sièges. Cet autre coup dur devrait, sans doute apporter de l'eau au moulin des frondeurs qui oeuvrent à tenir un conseil national extraordinaire en vue de faire partir Ouyahia et les membres de son bureau dans les délais les plus brefs. Les indépendants, eux, totalisent un score record, 30 sièges, qui traduit une sorte de dépit citoyen vis-à-vis de la classe politique. Cette tendance, du reste, est encore plus apparente au vu des 867.669 bulletins nuls enregistrés. Le nombre de votants, aussi, a été revu à la hausse, passant ainsi de 8287.340 à 8288.536 voix. Le plus important reste, bien sûr, la validation des scores obtenus en Kabylie. Cette décision, à caractère aussi bien politique que constitutionnel, préfigure un regain de tension dans la région. Elle met aussi fin à une polémique née autour de cette question dès le lendemain de ces élections. Beaucoup d'observateurs, en effet, s'attendaient à ce que la sagesse des membres du Conseil constitutionnel prenne en considération les conditions dramatiques dans lesquelles se sont déroulées, ou plutôt ne se sont pas déroulées, les élections en Kabylie. Les bureaux ont été fermés assez tôt le matin. Le taux de participation y est risiblement bas. Les députés, qui en sont sortis, sont donc loin de refléter les voeux de ces populations. Les observateurs avisés, dès lors, s'attendaient à des mesures nouvelles d'apaisement, un autre signe fort en direction de cette région à travers des élections partielles qui auraient pu entraîner la participation du FFS et lui garantir même un groupe parlementaire tant il a gagné en crédibilité et en popularité dans la région. Cela n'a pas été le cas. La politique de l'affrontement, une fois de plus, semble avoir prévalu. Au rythme où vont les choses, le risque est grand de voir la Kabylie boycotter également les élections communales et de wilaya, franchissant de la sorte, presque à son corps défendant, un nouveau pas vers l'irrémédiable. La proclamation des résultats officiels, intervenue assez tard dans l'après-midi, devrait sans doute donner lieu, dès aujourd'hui, à des réactions diverses de la part de la classe politique. La plupart des partis politiques que nous avons réussi à joindre hier nous ont affirmé qu'il faut d'abord que leurs directions politiques se réunissent avant de pouvoir se prononcer officiellement. Officieusement, en revanche, beaucoup se sont montrés déçus par rapport à la décision prise à propos de la Kabylie. En outre, ces résultats ne sont pas encore définitifs puisqu'il faudra attendre encore une semaine, après le dépôt des recours et leur étude par le Conseil constitutionnel avant de connaître la composition définitive de la future APN, dont l'installation officielle, rappelons-le, devrait avoir lieu le 9 du mois courant selon les termes très clairs de l'article 113 de la Constitution algérienne.