La Cinémathèque algérienne fête, jusqu'au 10 juin, la journée de l'Afrique. Tout commence en 1969 à l'occasion de ce fantastique Festival panafricain d'Alger. Rappelons-nous, c'est l'été «le bruit et la chaleur» des milliers d'artistes, tous les arts du continent rassemblés, musique, théâtre, peinture, conteurs (griots), metteurs en scène, réalisateurs, etc. Des millions d'Algérois dans la rue, les places publiques envahies, les stades bondés, les salles archicombles jour et nuit et c'est la fête bien sûr, et c'est pour tout un peuple «le bruit et le bonheur». Ahmed Hocine, fondateur de la Cinémathèque, et son équipe, s'engouffrent dans cet immense événement et organisent à la Cinémathèque des rencontres cinéma africain. C'est pour nous l'occasion, alors étudiants à la faculté de droit d'Alger, de découvrir ces «bouts de films» extraordinaires, venus de tout le continent, Egypte, Sénégal, Côte-d'Ivoire, Afrique du Sud, Mali, Niger, Mauritanie, Maroc, Tunisie et bien sûr, les nôtres et les films des mouvements de libération de l'époque, ANC-Afrique du Sud, PAIGC-Guinée Bissau et Cap-Vert, Frenimo-Mozambique, MPLA-Angola, et qui ne se rappelle pas le show des Black-Panthers à la Salle des actes de l'université. Et au fait, une question nous vient à l'esprit: que devient cette salle aujourd'hui? Tous les films, en présence de leurs auteurs, à l'occasion de séance-débat mémorables et interminables. Aujourd'hui grâce à un homme, M.le ministre délégué chargé des Affaires africaines et son équipe, rencontrés à l'occasion de la projection du film La question, à la cinémathèque autour d'un débat avec Henri Alleg, décision est prise d'organiser un panorama des derniers films africains autour de la journée du 25 mai, «Journée de l'Afrique», notre journée. Si cette décision se concrétise aujourd'hui, c'est à notre avis, parce qu'elle a été prise dans un lieu de culture autour d'un acte culturel et non dans un bureau anonyme. Cette rétrospective verra la projection, bien sûr, de nos derniers films et c'est un miracle si quelques-uns naissent de temps en temps, La voisine de Ghaouti Bendedouche, Frontières de Mustapha Djadjam, Wech wech de Rabah Ameur Zaïmèche, Rachida de Yamina Chouikh, L'attente des femmes de Djamel Beloued, tous les cinq d'Algérie, Dar Es Salam de Issa Serge Coelo (Tchad), Silimandé de Pierre Yaméogo (Burkina Faso) et deux documentaires fort courageux, Frantz Fanon, mémoire d'asile de Abdenour Zahzah et Bachir Ridouh et Mémoires du raï de Djamel Kelfaoui, la présence d'un jeune distributeur algérien Hachemi Zertal avec deux films importants, Lumumba de Raoul Peck et Pièce d'identité de Mweze N'gangoura, (République démocratique du Congo) et enfin, l'organisation d'une conférence donnée par Mme Chantal Bagylishia Rwanda autour du thème: «Présence du film africain sur les écrans occidentaux», l'édition d'une affiche intitulée «Come-back Africa», signée par l'artiste peintre Arezki Larbi. A propos des films dits algériens, nous nous permettons de rappeler ici cette règle fondamentale que respectent, et la Cinémathèque nationale et les grands festivals du continent, JCC Tunisie et Fespaco Burkina Faso: «Pour nous, la nationalité du film rejoint celle du réalisateur». Ce n'est pas une raison pour oublier qu'en règle internationale, la nationalité du film en revanche, rejoint celle de l'argent et nous ne cesserons de mobiliser les institutions et les bailleurs de fonds pour un financement indispensable de nos films si nous en voulons bien sûr. Ce que nous verrons durant ces dix jours à la Cinémathèque, les débats et conférences auxquels nous assisterons, nous rappelleront, certainement, les années fortes et nous pousseront, et c'est là l'essentiel, à plus de mobilisation et de lutte pour une vie cinématographique riche et forte. Et nous ne pouvons terminer ce texte, sans rendre hommage au doyen de nos cinéastes, Sembène Ousmane du Sénégal qui disait à juste titre et avec force durant les années 50 alors qu'il était docker à Marseille: «Le cinéma est mon école du soir».