Littéralement focalisée sur le scrutin de 2009, la classe politique algérienne ne fait presque rien sur le terrain pour convaincre les citoyens d'y participer. Quel état des lieux peut-on faire de la scène politique nationale en ce début de 2009? La crise financière mondiale, la chute des prix du pétrole, la présidentielle du mois d'avril, les massacres de Ghaza,...aucun événement ne semble préoccuper outre mesure nos acteurs politiques. Après la stérilité de l'année 2008, la majorité des formations poursuivent leur hibernation dans leur sièges nationaux en ce début de 2009. L'Etat théocratique des islamistes est en panne, la IIe République du FFS est tombée à l'eau, la refondation nationale du RCD est jetée aux oubliettes. La vraie opposition est marginalisée. L'opposition de façade, le peuple en a marre. Les citoyens n'accordent plus d'intérêt à la chose politique, et ce désintéressement n'est évidemment pas fortuit. C'est le résultat d'une pratique politique en total déphasage avec les préoccupations citoyennes, qui dure depuis l'Indépendance. Dans ce désert politique, surgit l'agression israélienne contre Ghaza. La situation que traverse la Palestine vient, à point nommé, sortir un tant soit peu nos élites politiques de leur léthargie. Cette nouvelle configuration de la scène internationale a fait bouger les choses. Des formations sont sorties de leur mutisme pour animer des meetings en solidarité avec les Ghazaouis. Même les députés ne sont pas restés inactifs. Ils réclament la tenue d'une séance extraordinaire au niveau de l'APN sur le drame que vivent les Palestiniens. De leur côté, les partis de l'Alliance ont annoncé la tenue d'un sit-in de solidarité au niveau du Palais du peuple à Alger. Par ailleurs, cette situation semble jouer en faveur des islamistes qui veulent réinvestir, coûte que coûte, le terrain. Les manifestations de Kouba, celles de Belcourt et de Hussein Dey de vendredi dernier en sont la meilleure preuve. Ces manifestations difficilement maîtrisées par les services de l'or-dre font craindre le retour des mouvements d'envergure des années 90 organisés par le FIS dissous. Et le risque d'un éventuel bouillonnement n'est pas à écarter. A part cet événement de portée internationale et pour lequel les réactions algériennes sont loin d'atteindre l'ampleur des manifestations qui ont eu lieu ce week-end à travers plusieurs pays, rien ne mérite d'être cité. Ainsi, ce n'est pas un scoop que de dire que les partis politiques algériens entament le Nouvel An avec plus de morosité que jamais. A l'approche du rendez-vous d'avril, chacun et à sa manière sort la tête pour émettre des positions non lisibles. L'enjeu est de taille mais les formations semblent en déconnexion. Littéralement focalisées sur ce rendez-vous, nos élites politiques ne font presque rien sur le terrain pour renouer avec un électorat qui leur a tourné le dos. Des présidents de parti sortent de l'ombre après une éclipse qui a duré une éternité, pour nous annoncer leur participation. Ainsi, des «patrons» de formation qui ne maîtrisent pas plus d'une seule langue, prétendent vouloir présider aux destinées d'un pays comme l'Algérie qui utilise au minimum trois langues. Le FNA de Moussa Touati qui dit pourtant avoir confiance en la population ne fait rien pour la gagner. Il en est de même pour le Parti des travailleurs (PT) qui ne réagit qu'à travers des communiqués de presse et qui invite, de temps à autre, les journalistes pour expliquer telle ou telle position.Le AHD 54 dépasse tout entendement. Après une absence de plus de 4 ans, il revient pour annoncer sa candidature et replonge dans le silence. Le Rassemblement national (RN) de Ali Zeghdoud porte le même blouson. Panne d'idée ou perte de cause? Le RCD du Dr Sadi s'est confiné, en ce début 2009, dans la crise interne qui le secoue. Pour sa part, le plus vieux parti de l'opposition, le FFS du zaïm Hocine Aït Ahmed, semble vivre sur une autre planète et s'est écarté totalement de la scène. La mouvance islamiste, elle, est à la recherche d'un leader charismatique et son «aura» semble entamée par la terreur qu'elle a fait subir au peuple plus d'une décennie durant. C'est dire que le terrain est laissé en jachère. Et après ça, on nous parlera du spectre de l'abstention qui plane sur la prochaine présidentielle. Certains observateurs n'hésitent pas à tirer à boulets rouges sur nos formations en les qualifiants de «partis événementiels» qui n'agissent que dans la douleur et avec des visées opportunistes. Ils n'hésitent pas à parler de mise en scène pour des fins malsaines. La noblesse d'un combat pour un projet quelconque charrie courage et continuité. Quel que soit le prix à payer. Et ce n'est qu'à ce prix que l'on pourra dire que le sacrifice de ceux qui ont mené leur combat jusqu'au bout, jusqu'à la mort, ne sera pas vain. En cela, on peut tirer chapeau au défunt Matoub Lounès qui a fait et dit ce qu'une armada de partis n'ont pu faire et dire. Il a consacré sa vie pour une Algérie meilleure et une démocratie majeure. Il a été fauché en plein combat. Voilà un exemple de sincérité.