Ce long métrage sortira bientôt dans les 48 wilayas du pays, nous a-t-on annoncé hier. «Mostefa Benboulaïd est le premier film depuis l'Indépendance, qui met en scène une des figures emblématiques de la Révoltion algérienne. Car ces films, qui se font par des réalisateurs algériens vivant à l'étranger, portent en eux, souvent, une vision étrangère, française notamment. On prend ce qu'on voit à la télé, c'est aussi une catastrophe. Il n'y a aucune société de régulation ni de mécanismes d'aide et de financement en Algérie. Il a fallu l'intervention du président de la République en personne pour finir (...) Maintenant, mon film a été soumis à une taxe de 7 milliards de centimes d'impôt avant même sa sortie, or le cinéma devrait être exonéré de taxes», a déploré, hier, le réalisateur Ahmed Rachedi, à la faveur d'une conférence de presse animée au siège d'El Moudjahid, sur initiative de l'association Machaâl Echahid en compagnie de l'acteur principal du film Hassen Khechache. Ahmed Rachedi, qui est revenu sur la genèse de la réalisation du film avec ses embuches et aléas du tournage. Lorsqu'il sera question d'évoquer justement le contenu «historique», le cinéma est «d'abord de la fiction», même si la matière dont il s'est entouré pour faire ce film, sont des documents historiques. En l'absence du scénariste du film, M.Bakouche, qui lui, aurait pu mieux éclairer la question, Ahmed Rachedi dira que le choix du comédien «était dicté par la présence et le poids qui devaient être suffisamment proches de la psychologie du personnage» et non par la ressemblance physique à tout prix. «On ne cherche pas à faire un clone. On n'est pas là pour reproduire la réalité telle quelle, sinon on ferait un documentaire.» Et de glisser cette phrase qui sous-tend toutes les velléités glorificatrices de l'Algérie indépendante: «Même si Benboulaïd aurait été assassiné par ses frères, je ne l'aurais pas mis dans le film». Et de préciser: «L'essentiel pour nous était de transmettre au public les étapes essentielles de la vie de ce martyr, c'est au public de nous dire s'il est crédible ou non.» Sur le fait de ne pas avoir assez montré la personnalité des «6», le réalisateur de l'Opium et le bâton fera remarquer que la réussite de cette guerre revient à l'absence de héros, qui a brouillé les pistes de l'ennemi, une volonté aussi mue par le désir de se concentrer sur un seul personnage, autrement «le succès de la Révolution algérienne est dû au fait qu'il nous a manqué un zaim. L'adversaire ne pouvait repérer le centre de décision, qui était plutôt une commission collégiale...De toute façon, chacun mériterait plus d'un film». Répondant ainsi aux critiques, Ahmed Rachedi qui écoutera attentivement les doléances de l'auditoire, notamment sur la longueur de la séquence de fuite de prison par Benboulaïd et ses acolytes, annoncera que le film sera raccourci d'une demi-heure dans la prochaine copie. Pour sa part, Hassen Khechache qui évoquera son rôle, le qualifiant comme «un honneur, une grande responsabilité et surtout un défi pour avoir endossé le rôle de cette personnalité avec sincérité». De plus, sa référence était le scénario lequel était décliné en plusieurs phases: politique, militaire et humaine de la personne de Benboulaïd, qui était en l'occurrence quelqu'un d' aisé et de respecté par les colons. «Si la France oeuvrait pour la division du peuple, Benboulaïd le faisait pour la réconciliation. Il avait une personnalité très riche et une portée humaine dense, pas facile à endosser»