En France, la consommation d'électricité a atteint un nouveau record historique alors qu'en Bosnie, les habitants ont passé la nuit dans le froid, comme en temps de guerre. La crise gazière prend une autre dimension. L'arrêt de l'approvisionnement en gaz russe, le record de consommation énergétique en France, la hausse des prix du pétrole et une vague de froid qui sévit actuellement en Europe attestent une fois de plus de la grande dépendance énergétique de l'UE et de la menace qui plane sur elle. En effet, depuis que la Russie a réduit puis cessé tout approvisionnement transitant par les gazoducs ukrainiens, presque aucun des 27 pays de l'UE n'a été épargné par la crise, ceux du centre en première ligne. La Russie fournissant 40% des volumes de gaz importés par l'UE, dont 80% transitent par l'Ukraine, tous les pays de l'UE, mis à part le Royaume-Uni et l'Espagne, en dépendent et certains à hauteur de 100%. Ainsi, les livraisons ont été totalement interrompues mardi dernier en Hongrie, en Grèce et en Bulgarie. Les volumes d'approvisionnement ont également fortement baissé le même jour en Pologne, Autriche, Slovaquie, Slovénie et Roumanie. D'autres pays des Balkans, destinés à rejoindre le cercle européen, ne reçoivent plus de gaz non plus. Il s'agit entre autres de la Croatie, la Serbie et la Macédoine. Quant aux pays d'Europe centrale, quoique moins dépendants de l'or bleu russe, sont eux aussi touchés. Il s'agit principalement de la France, dont les livraisons ont baissé de plus de 70% et l'Italie de 90%. L'Allemagne a également enregistré des baisses de pression. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, une cinglante vague de froid s'est abattue en début de semaine sur l'Europe, induisant une «super» consommation énergétique, de quoi rendre plus aigu le conflit gazier à l'est de l'Europe. Ainsi, des températures de «congélateurs» ont été enregistrées de Berlin à Belgrade, provoquant la mort d'une dizaine de personnes en l'espace de quelques jours. En France, la consommation d'électricité a atteint un nouveau record historique mardi dernier avec 91.500 Mégawatts (MW), alors que les livraisons de gaz naturel de Gazprom ont baissé de plus de 70% le même jour. Ce qui révèle l'extrême dépendance de ce pays, ainsi que ces voisins européens du géant gazier russe et ce, en dépit des efforts pour le développement de l'approvisionnement par le Sud. Pis encore, la vraie inquiétude demeure non pas dans la volonté russe à marchander le gaz mais de leur capacité à le fournir, le géant gazier étant, faut-il le rappeler, très endetté et faisant face à de réels problèmes d'approvisionnement pour honorer tous ses contrats. A quelque chose, malheur est toujours bon. Ce conflit gazier a profité beaucoup plus au marché pétrolier, puisque celui-ci a enregistré une forte hausse des cours depuis le début de la crise. Le marché pétrolier étant étroitement lié à la situation géopolitique, depuis le début de la crise, les cours de l'or noir ont enregistré une sensible hausse. Cela étant, il serait même fréquent que la Russie prive de gaz certaines de ses villes et remette en marche d'anciennes centrales à charbon pour s'éclairer et assurer par là-même, l'approvisionnement de l'Europe. Cette dernière réalisant la fort délicate situation dans laquelle elle se trouve, ne ménage pas ses efforts pour trouver une issue à ce conflit. Elle a pour ce faire, proposé à Moscou, et ce avant qu'elle ne ferme définitivement les vannes, le déploiement de vérificateurs indépendants aux points de distribution du gaz entre la Russie et l'Ukraine pour surveiller les quantités exportées. Maintenant que la Russie a définitivement cessé l'approvisionnement, l'UE recourt à la pression en annonçant l'organisation d'un sommet tripartite au plus haut niveau avec la Russie et l'Ukraine, option extrême selon le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, si l'approvisionnement n'est pas rétabli.