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Israël s'occupe de Ghaza
L'EUROPE SE PREOCCUPE DU GAZ
Publié dans L'Expression le 12 - 01 - 2009

«L'Angleterre n'a pas d'ami et n'a pas d'ennemi, elle n'a que des intérêts permanents.» Lord Winston Churchill
825 morts plus de 3000 blessés! Voilà pour Ghaza et son cortège de morts, de souffrance devant l'indifférence des peuples qui se disent civilisés, devant la tétanisation du monde arabe et devant enfin, le mutisme de l'Europe qui s'intronise sanctuaire des droits de l'homme...quand il s'agit des Tibétains! N'est-ce pas! messieurs Adler, Finkielkraut, BHL qui passent en boucle sur les chaines de télévision pour nous convaincre que l'agresseur est l'enfant palestinien coupable de se trouver... sur le trajet de la bombe. Eux, les pourfendeurs de tout ce qui peut nuire à l'image d'Israël! Où est RSF et Menard si promptes à porter secours aux Tibétains et pas aux Palestiniens? On nous dit qu'une résolution a été proposée par les Etats-Unis, votée et curieusement les Etats-Unis se sont abstenus. L'essentiel pour eux est d'écarter la proposition arabe; ce qui fut facile, on s'en doute. Cette résolution non contraignante pour Israël est traitée par le mépris par ce dernier. Le pharaon d'Egypte propose un plan pour casser définitivement la résistance palestinienne, car c'est en fait de cela qu'il s'agit après l'alignement et la reddition, avec armes et bagages en rase campagne, de Abbas sur une vaine solution diplomatique. Ce plan consiste à empêcher le Hamas de s'équiper en armement. Où est le bras justicier capable d'arrêter le bourreau maintenant que les pays arabes ont montré leur nullité devant la force sans équivalent d'Israël?
Quand Misr Oum Eddounia met un genou à terre en demandant pour chaque initiative l'accord d'Israël, devant l'injustice personnifiée, on est en droit de se demander où sont les héritiers de Nasser? S'agissant de la réunion des chefs d'Etat arabes proposée par l'Algérie, traditionnellement elle se traduit par rien si ce n'est par des empoignades à huis clos, à moins que les Arabes décident de dire «Basta» à l'Occident: ils en ont les moyens financiers et énergétiques pour le faire. Seul le courage leur manque et chacune de leur reculade ce sont des dizaines de victimes innocentes qui tombent. Un mot pour conclure: il n'y a rien à attendre de l'installation d'Obama dont on connaît les positions durant sa campagne électorale.
Les pendules à l'heure
S'agissant du gaz le froid entre la Russie et l'Ukraine fait grelotter, dit-on, l'Europe! Quel crime commis par les ex-Soviets! Voilà pour quelques degrés toute la machine européenne qui bombe le torse et tente de menacer la Russie. L'UE produit seulement un quart du gaz qu'elle consomme. Elle en importe un autre quart de Russie, 16% de Norvège et 15% d'Algérie, le reste provenant de la Libye, du Nigeria et d'Asie centrale. Dans cette perspective, la dépendance de l'Union au gaz russe ne semble pas si spectaculaire, à moins de considérer les chiffres pour chaque Etat. Alors que l'Espagne n'importe pas du tout de gaz russe, la Pologne, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie et la Finlande répondent à leurs besoins gaziers en important 100% de leur gaz de la Russie. L'approvisionnement de gaz russe destiné à la Turquie passant par l'Ukraine, a été complètement coupé, a déclaré le ministre turc de l'Energie, Hilmi Guler, cité par Reuters. M.Guler a déclaré que la Turquie a augmenté son approvisionnement de gaz via le gazoduc Blue Stream, qui passe sous la mer Noire, à 48 millions de mètres cubes par jour au lieu de 40 millions. Ankara utilisera également des sources de gaz naturel liquide et des réserves de gaz naturel, a-t-il expliqué. Le ministre a affirmé que la Turquie n'avait subi aucune interruption de l'approvisionnement des 15 millions de mètres cubes de gaz naturel fournis chaque jour par l'Iran.
Aux dernières nouvelles, un accord est signé le 10 au soir entre l'Union européenne et la Russie, mais l'Ukraine l'a rejeté. Ce feuilleton est quoi qu'on en dise, à la fois économique (contentieux financier entre Gazprom et l'Ukraine) et est surtout un conflit politique. Il s'agit en un mot, de remettre les pendules de l'Europe à l'heure. Il y a trois ans, la même opération avec l'Ukraine avait eu lieu, depuis il y eut la Géorgie. L'Europe se croyant investie d'une mission salvatrice, tente de dicter la norme à la Russie. Maintenant que l'Empire soviétique a disparu, ces rodomontades de Barroso et de la présidence française, en définitive, n'ont été que du vent. Le conflit géorgien a montré à l'Europe et aux Américains qu'il ne faut pas jouer à déstabiliser le Caucase en envoyant en éclaireur, des hommes de paille comme Sakachvili. Le conflit géorgien, malgré les communiqués triomphalistes de l'Union européenne, s'est terminé comme Moscou l'a voulu.
Barroso a beau bomber le torse et ses rodomontades à peine voilées à l'ex-Union soviétique n'impressionnent personne. Dans quelques mois, il retournera dans l'ombre, personne ne veut plus de lui pour un nouveau mandat, il pourra alors mesurer toute l'étendue du vain combat qu'il a mené contre l'héritière en titre et en richesse énergétique du domaine minier immense de l'ex-Union soviétique
S'agissant du jeu malsain de l'Ukraine, on ne peut pas gagner sur les deux tableaux: une évolution orange ou de velours, être dans le camp occidental pour profiter de ses largesses et dans le même temps vouloir garder un prix préférentiel de 17,5 $ les 1000m3 - en tant qu'ancienne province de l'ex-Union soviétique - alors que le prix international que la Russie pratique avec les autres pays européens est le double!
La Russie ce n'est pas rien. L'Europe à 27 tente d'impressionner en vain cette grande puissance. La Russie c'est, d'après BP, 15% des réserves mondiales, soit 180 milliards de barils. La Russie est le deuxième exportateur mondial de pétrole derrière l'Arabie Saoudite avec 5,2 MBJ (total brut et produits raffinés). Les exportations sont en nette augmentation depuis 1999 (3,8 MBJ), année du redémarrage de l'économie russe après la crise des années 1990 dont le paroxysme a été atteint en 1998. La Russie vend plus de 85% de ses produits pétroliers en dehors de la CEI. L'UE absorbe 53% des installations de pétrole russe, ce qui représente 16% de sa consommation. Ces proportions vont mécaniquement augmenter avec l'élargissement de l'UE aux pays d'Europe centrale et orientale en 2004, puisque l'approvisionnement pétrolier de ces derniers provient à près de 90% de la Russie.
Selon BP, les réserves de gaz russes représentent 27% des réserves mondiales, (45.000 milliards de m3 dont 35.000 pour la seule Sibérie et permettraient de maintenir la production actuelle pendant 80 ans (ratio R/P) Elle dispose d'un réseau de pipe de 600.000km dont 155.000 de haute pression, 250 stations de compression et une capacité de stockage de 63 milliards de m3.
La Russie n'aura de cesse de rattraper son retard et son lustre d'antan. On reproche à Vladimir d'être un «tsar» nationaliste et patriote. N'est-ce pas un Premier ministre français qui incite ses entreprises à faire preuve de patriotisme économique? Qui ne l'est pas. La Russie garde un vif ressentiment de son dépeçage par l' Occident triomphant après la glasnost et la perestroïka de Mikhael Gorbatchev qui a donné le «la» de la mise à mort de l'empire soviétique. L'Ukraine c'est globalement 70 millions d'habitants slaves en moins. C'est comme si du jour au lendemain, la Californie ne faisait plus partie de l'Union et qu'elle ait une politique agressive envers les Etats-Unis. Dans les mêmes proportions, imaginons l'Angleterre sans l'Ecosse ou la France sans la Corse qui feraient sécession. Du même coup, l'empire perdait plusieurs de ses Républiques sans compter tous les pays satellites qui gardent une haine farouche envers l'Union.
Parler des différents tracés des pipes!
La Russie et l'Ukraine laissent l'UE sans gaz, la sécurité énergétique au sommet de l'agenda de la présidence tchèque, la Russie coupe le gaz alors que le sud-est de l'Europe grelotte, l'UE minimise la réduction des livraisons de gaz russe. En effet, une dispute sur le gaz oppose actuellement la Russie et l'Ukraine, Moscou accusant Kiev de détourner le gaz destiné à l'Europe. Une mission de surveillance sera envoyée pour contrôler les approvisionnements gaziers. Alors que le géant du gaz russe Gazprom élabore des plans à long terme pour renforcer son emprise sur l'Europe en développant des projets de gazoducs soutenus par le Kremlin, les stratégies européennes, en réponse à ces plans, n'en sont qu'à leurs balbutiements.
En avril 2007, la Russie et certains pays exportateurs de gaz ont commencé à discuter des prix du gaz. En octobre 2008, Gazprom s'est entendu avec Téhéran et Qatar pour former une troïka du gaz. Ces trois pays ont des réserves de 60% du total mondial. Après la chute de l'Union soviétique, les Américains et l'Europe ont encouragé la construction de pipe évitant la Russie: il s'agit du B T C Bakou-Tbilissi-Ceyhan pour le pétrole, et le Bakou-Tbilissi-Erzurum (BTE) pour le pipe de gaz.
A partir de l'an 2000, sous l'ère Poutine. Changement radical de stratégie après le laxisme de Boris Eltsine. Un premier avertissement est donné en 2006 à l' Europe (première crise avec l'Ukraine). La Russie s'impose au G8 et bloque l'adhésion au Nato de l'Ukraine et de la Géorgie (1)
Les années suivantes, la Russie a lancé un gazoduc le «Nord Stream» qui relie directement la Russie à l'Allemagne sous la Baltique malgré les protestations de l'ennemi juré, la Pologne.
D'ailleurs Gerhard Schröder, ancien chancelier allemand, sera recruté pour présider le consortium russo-allemand isolant du même coup à terme l'Ukraine.
L'Ukraine propose le ‘White Stream', pour acheminer le gaz du Turkmenistan via la mer Caspienne, le Caucase du sud et la mer Noire! La Russie répond dans les faits en mettant en oeuvre un deuxième gazoduc; le président Poutine a signé le 29 Avril 2008, un accord vec le Premier ministre grec Kostas Karamanlis pour le South Stream gas pipeline, projet perçu comme le rival du projet européen Nabucco. Il a été lancé en 2007 par l'ENI italienne et Gazprom. Sa capacité est de 30 milliards de m3 vers l'Europe à travers la mer Noire via la Bulgarie, la Grèce, la Serbie, la Croatie et enfin l'Italie. Un branchement est prévu vers la Hongrie et l'Autriche. Le ‘Burgas-Alexandroupolis' oil pipeline est un autre pipe pour transporter le pétrole russe à partir du port bulgare de Burgas sur la mer Noire vers le port d'Alexandroupolis, en passant par le détroit du Bosphore.(2).
En fait, c'est le sauve-qui-peut en Europe. La présidence tchèque est apparemment dépassée. Chaque pays s'occupe de ses propres intérêts. Il n'y a aucune solidarité pour mutualiser les réserves. Preuve s'il en est que c'est une union éphémère qui ne résistera pas aux pénuries annoncées, de l'énergie. Plus jamais ne sera comme avant. La Russie redevient inexorablement la grande puissance qu'elle était. La crise géorgienne et l'actuelle avec l'Ukraine ont montré à l'Europe que c'est un colosse aux pieds d'argile et où les nationalités sont encore prégnantes dans les stratégies des Etats. Tant que l‘Europe était dans l'opulence, ces anomalies ne se voyaient pas. La situation mondiale de plus en plus tendue, la raréfaction des matières premières fera que le bateau «Europe» craquera de toutes parts, surtout qu'il est lesté par la quinzaine de nouveaux pays qui apportent plus de problèmes que de solutions...
Des pays européens font les yeux doux au gaz algérien. C'est une erreur que de servir de variables d'ajustement de l'Europe, sans contrepartie, sans cap. Il serait tragique d'être naïf si l'on sait par exemple que l'Europe n'a pas voulu inclure dans l'accord avec l'Algérie, notre seul et unique maillon fort: l'énergie. De plus, il faut se rappeler que le prix du gaz est en moyenne à pouvoir calorifique constant, quatre fois moins cher que le pétrole qui est lui-même bradé. Enfin, nous vendons l'équivalent de 70 milliards de m3 et nous en consommons autant. Les réserves seraient de 3500 milliards. Je laisse le lecteur calculer à quelle date, le gaz ne sera plus qu'un lointain souvenir en Algérie. Autrement dit, que faut-il faire pour arrêter de brader, de gaspiller l'énergie pour développer les énergies renouvelables non pas d'une façon anecdotique mais dans le cadre d'un plan Marshall pour la mise en place d'un modèle énergétique, seul espoir pour laisser quelques calories aux générations futures. La phrase de Winston Churchill est d'une brûlante actualité
(*) Ecole nationale polytechnique
1.C.E.Chitour: Cours de post-graduation spécialisée: Les stratégies énergétiques des Etats.Ecole polytechnique 2007-2008
2.Euractiv: Une politique en matière de gazoducs? La bataille pour l'énergie qui oppose la Russie et l'UE. Lundi 1er décembre 2008


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