Routes fermées, quartiers inondés, accès bloqués, vols reportés, un scénario catastrophe digne des films hollywoodiens. Le temps s'est sérieusement gâté, hier, à Béjaïa. Depuis plus de 32 heures, la pluie n'a pas cessé de tomber occasionnant la crue des ruisseaux et rivières. Du coup, la ritournelle prend place aussi bien dans la ville que dans les campagnes. Routes fermées, quartiers inondés, accès bloqués, bref un scénario catastrophe, digne des films hollywoodiens. Un scénario auquel le citoyen de Béjaïa est maintenant habitué. Combien même des efforts ont été faits pour donner un semblant d'amélioration, force est de constater qu'à chaque chute de pluie, les failles réapparaissent. Tout est mis à nu tant au niveau des services des travaux publics et communaux qu'au niveau de la sécurité. Il est cinq heures du matin, et cela fait près de 16 heures que la pluie tombe. Dehors, il y a très peu de monde, les matinaux ne se sont pas empressés de quitter leur lits. Ils savent que de toutes les façons, ils se réveilleront pour rien. Les signes des inondations sont perceptibles dans la ville-même. Aux carrefours habituellement inondables, rien n'a changé. L'eau a tout submergé. Les bus de transport public de voyageurs peinent à se déplacer. Parfois, il faut faire le détour pour éviter certains axes comme les Quatre chemins. Au carrefour de Bir Slam, c'est l'inondation. La police habituellement présente est invisible. 10km plus loin sur la RN12, ce sont les usagers de la route qui indiquaient l'obstruction du passage, invitant les automobilistes à rebrousser chemin. Sur la RN9 il était aussi impossible de circuler à hauteur de Tichy. Les étudiants n'ont pas pu accéder au campus d'Aboudaou qui fait aussi l'objet d'inondation à chaque fois que le temps se gâte. Non loin de là, les habitants du domaine agricole Dehas ont déjà quitté leurs demeures pendant que d'autres s'affairaient à dégager l'eau qui s'infiltrait de partout. «Ni la police, ni les pompiers n'ont daigné se déplacer malgré nos SOS», s'écria une jeune fille entourée de sa famille visiblement désabusée par la situation répétitive. Même topo à l'aéroport. L'aérogare est inondée. Des passagers présents sur les lieux depuis sept heures du matin ont vu rouge lorsqu'on leur annonça que leur vol est retardé. Sur les cinq vols prévus pour la journée d'hier, il n'y eut aucune annulation mais plutôt des retards allant jusqu'à 1 heure et demie. Dans la vieille ville, des familles entières ont dû quitter leurs domicile de peur que les plafonds s'effondrent. La maire et ses adjoints étaient certes présents sur le terrain mais que pouvaient-ils faire face à l'ampleur de la situation. Béjaïa a vécu une matinée exceptionnelle. Les fortes précipitations ont encore une fois mis à nu les insuffisances qui ont apparemment la peau dure à Béjaïa et pourtant annoncées comme éliminées. «Les conduites d'évacuation n'ont pas pu contenir les grosses quantités d'eau induite par une pluviométrie exceptionnelle de 80mm», expliquait hier le vice-président de l'APC de Béjaïa, assurant par la même occasion que «la municipalité fera tout pour aider les habitants les plus touchés par les dégâts». Sur le plan de la prévention et de la sécurité, beaucoup reste à faire, devrions-nous conclure. Hier, les automobilistes étaient livrés à eux-mêmes. Des mesures auraient dû être prises à temps pour éviter tant d'embouteillages provoqués pour l'essentiel par le manque flagrant d'information mais aussi de coordination et de prévention.