«Les conduites d'évacuation n'ont pas pu contenir les grosses quantités d'eau induites par une pluviosité exceptionnelle de plus de 100 mm.» Les pluies parfois orageuses affectant depuis mercredi la wilaya de Béjaïa n'ont pas été sans conséquences sur le vécu des populations locales. Le cumul des chutes de pluie a dépassé les 60 mm estimé au début par le communiqué de la cellule de crise installée au niveau de la wilaya. Le cumul a finalement dépassé la barre des 100 mm. Le numéro vert (034-22-97-56), mis à la disposition des citoyens a été encore une fois submergé d'appels au secours. Les habitants de Béjaïa ont été surpris pour la seconde fois, depuis mercredi, par une pluie diluvienne inondant les quartiers, rues et boulevards de la ville. Après l'orage de la journée de mercredi dernier, la pluie a fait de nouveau des siennes dans la nuit de jeudi à vendredi. Les résidants de la capitale des Hammadites ont passé une nuit cauchemardesque. La pluie battante les a sortis de leur sommeil. Stagnation des eaux pluviales, quartiers inondés, accès bloqués, avaloirs obstrués, autant d'inconséquences durant une longue nuit faite de peur et d'angoisse. Ce scénario digne d'un film hollywoodien, a été induit pour l'essentiel par la boue, pierres et autres détritus charriés par les eaux pluviales. Arrivés dans la plaine, ils obstruent rapidement les voies d'évacuation. Du coup, quartiers, rues et boulevards se transforment en piscine. Au niveau de la rue de la Liberté, les boulevards des Aurès, Sidi Ahmed, Krim-Belkacem, les cités Nacéria, Tobbal, Ihaddaden, 600 logements, Cité douanière, Hôtel des finances. C'est l'inondation! Les constructions illicites, qui entourent la ville de Béjaïa ont obstrué des voies d'évacuation naturelles. Les gravats laissés au hasard ont été emportés par les eaux de pluie pour stagner dans la plaine. Les avaloirs étaient trop petits pour contenir tout ce que les eaux avaient déplacé. Déjà obstrués par le déluge de la mi-journée de jeudi, les avaloirs de la ville de Béjaïa n'ont pas supporté la crue si bien que deux heures après le début de la pluie, dans la nuit de mercredi à jeudi, l'alerte a été donnée. On se réveillait mutuellement pour intervenir dans un premier temps pour évacuer les véhicules qui prenaient déjà de l'eau. A la cellule de crise, la mobilisation était au rendez-vous. Autorités, pompiers, élus et citoyens volontaires se concertaient sur les voies et moyens d'intervention. On mobilisait déjà tous les moyens étatiques et privés. Il faut dire que le communiqué de la cellule de crise rendu public dans la journée du jeudi, était déjà annonciateur d'un bouleversement climatique assez conséquent. Aussi bien au standard de la Protection civile qu'à celui de la cellule de crise, les appels au secours étaient incessants. Les citoyens appellent pour une intervention: histoires d'égouts bouchés, infiltrations dans les domiciles, quartiers inondés. «Les conduites d'évacuation n'ont pas pu contenir les grosses quantités d'eau induites par une pluviosité exceptionnelle de plus de 100 mm», a expliqué le chef de cabinet du wali. Ce n'est qu'en fin de journée, d'hier, que la ville reprenait peu à peu ses couleurs. Durant toute la nuit et la journée d'hier, des équipes de la commune et de la wilaya appuyées par des volontaires tentaient de dégager les quantités de boue qui se sont déversées dans la plaine de Béjaïa. Partout ailleurs, sur la nationale 09, à Tichy, des inondations ont été signalées du fait du débordement des oueds. A Akbou, Souk El Tenine, Darguina et Melbou, le réseau électrique a été perturbé. Hier, après d'énormes efforts, la situation s'est enfin normalisée. Mais cela ne doit pas cacher le laisser-aller en matière d'urbanisation à Béjaïa. Des mesures urgentes doivent être prises pour éviter ce genre de situation.