Aït Menguellet est un artiste difficile à peindre, surtout ses oeuvres qui sont autant belles que complexes à saisir pour le non-initié. Une exposition de peinture est organisée du 15 au 22 janvier à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. C'est sous l'égide de la direction de la culture de la wilaya et en association avec la Maison de la culture, avec le concours du ministère de la Culture que cette exposition, hommage à Lounis Aït Menguellet, se tient. La peintre Mlle Hallou Fariza a consacré plusieurs tableaux racontant, selon ses visions, notamment les chansons de Lounis. Raconter Aït Menguellet, c'est une entreprise des plus difficiles car comme le dit si bien Hocine Haroun, un artiste-peintre «traduire la poésie relève de la gageure impossible, peindre les chansons du ciseleur du verbe, une à une est soit de l'ordre du Divin soit alors d'être un demi-dieu tel que fut Hercule pour accomplir ses travaux». La sentence est dite. Fariza Hallou n'est ni l'un ni l'autre, mais elle peint avec son coeur et les couleurs sont teintes de ses sentiments. Certes et pour reprendre quelque peu Haroun, Mlle Hallou n'est ni déesse, ni surhumaine, mais d'abord une jeune femme artiste, pétillante de vie quelque peu naïve et aussi sincère. L'entreprise est ardue mais comme on dit «à coeur vaillant rien d'impossible.» Mais Mlle Hallou est aidée par la passion qu'elle voue pour les oeuvres du grand artiste. Aït Menguellet, cet artiste aimé et respecté est une source intarissable dont lui-même, s'est abreuvée, à la grande source qu'était Slimane Azem comme il a puisé à pleines mains du terroir. Lounis a chanté aussi bien l'exil, et la politique que la société, une société qu'il connaît car en étant issu. Pétri de l'arbre ancestral fort et vigoureux qu'est le chêne! Parlant coeur avec des mots venant du coeur, Lounis, ce ciseleur du verbe est d'abord un poète qui voit la société avec les yeux du coeur. Son verbe coule comme une eau limpide, claire et surtout qui étanche la soif. C'est à ce «monstre sacré» que Mlle Hallou s'est attaquée en essayant avec ses armes, la peinture, de rendre hommage. Dans ses tableaux, Mlle Hallou a peint, par exemple, Abdil avec une certaine perception aiguë de ce morceau de poésie et des couleurs qui parlent au coeur. Dans le tableau ´´Lexyud I ncud akk fsin´´ la peintre a représenté si justement un couple devant le métier à tisser qu'est la vie. Dans Ad Ak Ghumegh Itiji ik, l'artiste-peintre montre les nuages qui recouvre le soleil devant une foule en attente. Alors que le tableau représente Asensla, la peintre a préféré représenter la chanson par une chaîne et Tameghra par un feu d'artifice. Lors du vernissage de Mlle Hallou, le nombreux public qui se pressait pour admirer les peintures, a apprécié aussi bien l'effort que la beauté des oeuvres.