Une économie mondiale déprimée devrait avoir un fort impact sur la demande de pétrole, cette année, et particulièrement dans les pays industrialisés. Le recul de la demande mondiale de pétrole sera plus important que prévu en 2009, a annoncé jeudi l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Selon les dernière estimations de l'organisation pétrolière, cette baisse de la demande sera de l'ordre de 0,2%, fortement induite par «la dépression de l'économie mondiale». En effet, dans la dernière édition de son rapport mensuel, l'organisation a souligné que «l'année 2009 a commencé avec une économie mondiale très déprimée, c'est pourquoi la prévision de croissance de la demande de pétrole est négative» et n'enregistrera que 0,18 million de barils/jour cette année. Plus alarmiste encore, l'Opep a indiqué dans le document sus-cité que «le déclin net devrait atteindre 2,5 millions de barils/jour dans la première moitié de l'année», précisant qu'«une économie mondiale déprimée devrait avoir un fort impact sur la demande de pétrole, cette année, et particulièrement dans les pays industrialisés». «L'incertitude considérable sur le rythme de la reprise du marché, contient le potentiel pour une détérioration supplémentaire de la demande de pétrole mondiale cette année», note également le document. Le pétrole occupant une place importante dans l'économie occidentale, et cette dernière étant très affectée par une dépression historique, c'est dans ce contexte unique que l'organisation pétrolière a revu à la baisse sa précédente estimation d'une contraction de la demande de 1,5 million de barils/jour. «La récession (de la demande de pétrole) observée au deuxième semestre 2008 devrait continuer au premier semestre 2009, alors que les précédentes années, la croissance était continue», insiste le rapport. Toutefois, et mettant une petite touche d'optimisme, l'organisation a affirmé que sa décision de réduire sa production le mois dernier a limité la chute des prix, soulignant, néanmoins, que l'objectif d'atteindre un niveau acceptable de stabilité prendra du temps. «Atteindre un niveau acceptable de stabilité prendra du temps, étant donné les défis auxquels doit faire face l'économie mondiale», lit-on dans ce rapport. Et de poursuivre «la décision prise par l'Opep le 17 décembre à Oran de réduire sa production de 2,2 millions de barils/jour a aidé à limiter la baisse des prix», ajoute la même source. Toutefois, la réalité est tout autre, puisque après la hausse enregistrée durant la semaine, sur fond de fortes tensions géopolitiques, à savoir la crise gazière entre l'Ukraine et la Russie, et l'agression israélienne contre la bande de Ghaza, les cours ont fini la semaine en baisse sur un marché à nouveau dominé par les inquiétudes économiques. Et pour cause, depuis le milieu de la semaine, les inquiétudes sur la demande sont revenues au premier plan, effaçant les tensions géopolitiques qui avaient timidement revigoré les cours en début d'année. Cette donne se traduit ainsi par un baril à 35 dollars à New York, en fort contraste avec le prix du baril à Londres qui s'établissait hier à 47 dollars pour livraison en mars. Cet écart entre les deux cotations s'explique par des stocks pétroliers surabondants aux Etats-Unis. Néanmoins, et au regard de cette situation, l'Opep ne se décourage pas pour autant. Le secrétaire général de l'Organisation, Abdallah El-Badri, explique dans une interview au bulletin mensuel de l'Opep, qu'il est encore trop tôt pour évaluer l'impact de la dernière baisse de production de l'Organisation mais celle-ci prendra des «mesures supplémentaires» si nécessaire. «Il est trop tôt pour dire que cette baisse n'a pas eu d'effet (...) nous ne connaîtrons pas (son) plein impact et le respect de cette décision par les pays membres de l'organisation avant le 15 février», a-t-il soutenu, faisant référence à la date à laquelle l'Opep disposera des données suffisantes pour une telle analyse, et qui sera présentée aux 12 membres de l'organisation lors de sa prochaine réunion, le 15 mars à Vienne, ajoute-t-il.