La Cadc entre dans une étape décisive. Elle semble s'accorder un temps de réflexion pour étudier la proposition du Chef du gouvernement. La Cadc de la wilaya de Tizi Ouzou est en réunion à huis clos, à Tigzirt. A l'ordre du jour, deux points importants, le premier d'ordre organique et le second annonce une importante étape dans la vie du mouvement citoyen. En premier lieu, la Cadc a eu à examiner la tenue d'un conclave extraordinaire, prévu en principe, avant le prochain week-end. Selon des sources, il sera question, lors de ces travaux, du renouvellement des coordinations locales et communales, afin de préparer une réunion de l'interwilayas. En second lieu, lors de cette prochaine rencontre, les délégués pourraient aborder la proposition récemment faite par M.Ali Benflis, le Chef du gouvernement de «tout faire pour essayer de prendre langue avec le mouvement citoyen». A première vue, le mouvement risque fort de signifier à M.Benflis, une fin de non-recevoir, étant entendu que pour la Cadc et bien sûr, pour tout le mouvement, la plate-forme d'El-Kseur n'est pas négociable. Cependant, après bientôt quatorze mois d'une protesta souvent sanglante, et devant une certaine lassitude des citoyens, le mouvement peut fort bien accepter de mettre un peu d'eau dans son vin. Même si M.Ali Benflis avait par le passé essayé de dépasser les délégués de la population en organisant une rencontre avec les délégués que la population a taxés de: «taiwan», la situation actuelle semble privilégier la voie du dialogue. De source généralement bien informée, les délégués du mouvement citoyen pourraient agréer les attentes de M.Benflis, avec évidemment des concessions de part et d'autre. Les points qui, pour l'heure, habitent l'esprit de nombreux délégués, restent au-delà de l'offre de dialogue: le cas des victimes notamment l'application des dernières décisions du chef de l'Etat les concernant. Selon des observateurs, il semble qu'à ce jour aucune indemnité n'ait été versée aux familles, et ce, contrairement à ce qui a été rapporté par ailleurs. Le cas des détenus est aussi assez préoccupant. De l'avis de plusieurs délégués, il semble, pour le moins difficile. Hier encore, devant le tribunal d'Azazga, un sit-in a été observé, lors du procès concernant 7 délégués. Après un verdict jugé apaisant et confirmant - la mise en liberté provisoire de 6 prévenus et la relaxe pour le septième - le parquet a jugé «plus idoine» de faire appel. Les 7 prévenus ont donc été reconduits à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou. Conçue comme un acte de bonne foi, la libération des détenus du mouvement, que seule une décision politique peut traduire dans la réalité, est en mesure de préparer le terrain à un éventuel dialogue. Il reste cependant que certaines décisions de l'administration militent pour l'effet inverse. Il en est ainsi des actions en justice et des auditions par la police concernant les présidents d'APC. La population, en effet, comprend mal que l'on puisse perdre son poste, un poste électif de surcroît, quand on exprime librement sa position politique. Finalement, et tout le monde est d'accord, ne pas voter c'est aussi un acte républicain.