Sous prétexte de sauvegarde des moeurs, on refuse la location de logement aux célibataires. Etre célibataire et vouloir acquérir un logis à Béjaïa est loin d'être une simple affaire. Cela relève souvent de l'impossible. C'est à cette problématique récurrente que font face de nombreux célibataires, qu'ils soient d'ailleurs, hommes ou femmes. Sous prétexte de sauvegarde des moeurs, on refuse sans aucune explication, les locations à tous les postulants qui se déclarent célibataires, combien même ceux-ci sont connus pour leur sérieux à travers leurs professions dans la ville. «Vous êtes célibataires, vous n'avez pas le droit au logis», telle semble être la réponse- leitmotiv des propriétaires d'appartement et des agents immobiliers. Un refus qui n'obéit, bien sûr, à aucune loi. Nous avons bien cherché en fouinant dans les contrats de location ou autres documents liant le locataire et le propriétaire des appartements, rien n'indique que le postulant doit avoir une quelconque situation conjugale. Alors pourquoi rejette-t-on les candidatures de célibataires? De quoi se méfie-t-on au juste? Si les agents immobiliers se défendent d'introduire eux- même ce critère, ils reconnaissent cependant l'exigence des propriétaires. Ces derniers arguent du risque de porter atteinte aux valeurs morales des voisins et des riverains. En d'autres termes, le célibataire peut être auteur d'un dépassement qui toucherait à l'honneur de la cité. Cette indésirable personne est, de ce fait, rejetée par tous les gérants et propriétaires d'immeubles dans une société ingrate et surtout peu respectueuse des valeurs. Un célibataire est une personne dont il faut se méfier. Il peut dévaloriser un quartier si, par hasard, il reçoit sa copine, sa fiancée. Cette crainte serait valable si la ville de Béjaïa était respectueuse en la matière. Or, le contraire est démontré à chaque coin de rue. Les mêmes propriétaires qui refusent de louer aux célibataires, s'empressent de le faire en été, sans se soucier des valeurs sociales qu'ils prétendent défendre. Pis encore, ils louent leur appartement à l'heure et pour les mêmes raisons brandies pour rejeter la candidature d'un jeune célibataire. L'absence de loi réglementant ce domaine laisse libre cours aux décisions combien même arbitraires des gérants et propriétaires d'appartements et villas à Béjaïa. La même insuffisance ouvre aussi la voie à d'autres dépassements. En effet, en louant un appartement pour 15 ou 20.000 dinars, le propriétaire vous oblige implicitement à ne déclarer qu'un tiers. En cas de refus, la réponse est claire: rendez les clefs! vous signifiera-t-on. Une arnaque en somme qui se fait au vu et au su de tout le monde. Mais au fait, a-t-on seulement le temps d'examiner ce genre de problèmes? Ou faut-il une association pour daigner étudier le cas des célibataires à la recherche d'un logis, qui pour suivre ses études, qui pour éviter des va-et-vient quotidiens et les prix exorbitants des hôtels.