Contrainte n Dans une société secouée par le chômage, la crise du logement et la précarité du pouvoir d'achat, les jeunes ne peuvent penser au mariage. Selon une enquête à indicateurs multiples réalisée entre 2006 et 2009 par le ministère de la Santé, les hommes ayant entre 35 et 39 ans représentent plus de la moitié des célibataires. Cela confirme la situation difficile que vivent ces hommes qu'on considère toujours comme jeunes parce que, tout simplement, ils ne sont pas mariés. Ces «jeunes» d'un âge avancé qui devraient être des chefs de famille, se trouvent dans une situation pas du tout confortable. La moyenne du mariage est de 33,5 ans pour les hommes et 29,5 ans pour les femmes. Cela veut dire que les hommes se marient de plus en plus tard. Or la religion et même certains scientifiques, préconisent aux jeunes de se marier tôt. Mais en Algérie, le célibat n'est pas un choix délibéré. C'est, le résultat de facteurs socio-économiques. Hamid, un homme de 38 ans travaillant dans une station-service, affirme que le problème du logement est la cause principale de son refus de se marier malgré l'insistance de ses parents. «Nous sommes une famille nombreuse, j'ai des sœurs célibataires et tant qu'elles ne sont pas mariées, je ne peux, moi aussi, me marier», dit-il. Hamid n'est pas seul dans cette situation. Amar, un restaurateur de 32 ans, affirme qu'il n'a jamais pensé à se marier. «J'évite carrément de parler de ce sujet malgré les incitations de ma mère qui m'a même dit un jour qui si je continuais cette vie de célibataire, il serait préférable pour moi de quitter la maison.» Et contrairement à Hamid, Amar avoue que ce n'est pas le problème du logement qui l'a poussé au célibat. «Pour le moment, j'ai un seul projet, c'est de quitter le pays», affirme-t-il, en racontant l'aventure de son frère qui a réussi à s'installer aux Etats-Unis. Certains célibataires endurcis, notamment les plus de 35 ans, semblent vouloir cacher leur gêne en affirmant que le phénomène ne touche pas seulement notre pays. «Même dans des pays développés, on en souffre», justifient-ils. Sauf que, dans ces pays, les célibataires peuvent vivre en concubinage sans aucun problème. Ils ne sont donc pas tout à fait célibataires, et vivent pleinement leur sexualité. On ne peut évoquer le mariage ou le phénomène du célibat sans évoquer la vie sexuelle. Dans notre société conservatrice, les jeunes ne peuvent pas vivre leur sexualité convenablement s'ils ne sont pas mariés et les célibataires qui tentent de vivre en concubinage sont mal vus, pour ne pas dire rejetés par la société.