Longtemps en guerre de leadership en Kabylie, les deux partis ne se sont jamais mis d'accord pour une action commune. Trop tard. La réconciliation n'aura pas lieu. Les divergences sont d'ordre politique. Le gouffre est profond. Le Front des forces socialistes a rejeté l'invitation du Rassemblement pour la culture et la démocratie. «On ne peut pas s'unir avec un parti ayant gelé ses activités.» Telle a été la réponse de Karim Tabbou, premier secrétaire national du FFS à une question quant à l'éventualité de s'unir avec le RCD. «Les divergences sont d'ordre politique. Il faut évacuer le débat sentimental», a souligné Karim Tabbou, avant-hier, à partir de Béjaïa. Une réponse claire et précise à l'invitation du président du RCD, Saïd Sadi qui a appelé à «une union» avec son frère-ennemi, le FFS, après avoir rejeté la participation à l'élection présidentielle du printemps prochain. «Je réitère notre appel à l'union avec le FFS. Il serait temps que les responsables fassent ce que font, depuis longtemps, les militants à la base», avait affirmé Saïd Sadi dans une interview accordée hier à un quotidien électronique. A ce titre, «le FFS ne peut qu'adhérer à une démarche politique contenant des points de convergence», a ajouté Karim Tabbou. Il est vrai que c'est pour la énième fois que le président du RCD prend une telle initiative en direction des responsables du FFS sans trouver d'écho. Cette fois-ci encore, le FFS n'a pas dérogé à la règle en rejetant l'initiative du RCD. La dernière en date remonte aux événements du Printemps noir de 2001 en Kabylie quand le Dr Sadi a écrit une lettre personnelle à Hocine Aït Ahmed pour l'inviter à travailler ensemble. En vain. Le FFS a encore estimé que l'idée d'une union n'est pas fortuite. Elle n'intervient qu'après une cascade de démissions au RCD. Longtemps en guerre de leadership en Kabylie, les deux partis ne se sont jamais mis d'accord pour une action commune. Interpellé sur les raisons du boycott de la prochaine présidentielle, le premier secrétaire national du FFS affirme: «C'est par conviction. L''expérience de 1997 noua a permis de déduire que le Parlement est loin d'être un forum de débat politique encore moins une institution de contrôle.» Concernant l'initiative, gelée, de Aït Ahmed, Mehri et Hamrouche, M.Tabbou rappelle que le «FFS est le seul parti qui a signé des contrats politiques avec toute la classe politique». Quant à la formulation, par certains cercles, demandant au Président Bouteflika de se rendre à Béjaïa, Karim Tabbou souligne qu'une telle éventualité n'est pas à exclure. Au plan organique, le premier secrétaire national du FFS indique que «le FFS n'est pas un parti de commissions», sous-entendant que le parti est en perpétuel mouvement. Mettant à profit la forte présence estudiantine lors de cette rencontre, il exhorta les étudiants à préserver l'université comme espace d'expression «l'Université doit ramener le champ de la pensée intellectuelle et de l'intelligence». Par ailleurs, M.Tabbou apporte des éléments d'approche du FFS quant à la vie politique vécue par le pays. Il rappela d'abord l'appel du 1er Novembre qui s'articule sur la libération du pays, la constitution d'un Etat démocratique et social et la construction d'une démocratie plurielle. «La révolution armée s'était appuyée sur l'action politique menée par ses militants révolutionnaires et nationalistes dont Abane, Ben M'hidi et Aït Ahmed», a-t-il dit en substance avant de poursuivre: «Cette action politique a abouti au Congrès de la Soummam qui a ancré les assises de la nation algérienne.» «Après l'Indépendance, l'Assemblée constituante fut avortée par la force...», a-t-il soutenu. Le conférencier abordera ensuite les différentes Constitutions du pays qui «ont pérennisé le système imposé au peuple», a précisé Karim Tabbou. Aujourd'hui encore, on se retrouve dans le même schéma «la Constitution est amendée par un Parlement sans légitimité», soulignera le premier secrétaire national du FFS.