Les questions que posent les scandales financiers et les détournements sont d'autant plus légitimes qu'elles soulèvent un tollé général. La problématique des présidents-directeurs généraux en Algérie se pose avec acuité. Plusieurs d'entre eux sont soit limogés, soit évincés de leur poste quand ils ne sont pas impliqués de près ou de loin dans des affaires de corruption, de détournement ou de malversation. Les scandales que connaissent actuellement nos entreprises ne manquent pas. Des détournements, qui se chiffrent à des milliards de dinars, notamment dans le secteur bancaire, sont signalés ici et là, des gestions catastrophiques sont mises à nu dans plusieurs sociétés, plusieurs affaires seraient étouffées. L'arrestation de l'ex-président-directeur général de la société Infrafer, et de celui de l'Anesrif, le limogeage d'un haut cadre au sein de Saidal, sont des affaires qui ont soulevé un tollé général. On peut citer également la grande affaire de l'Agence nationale des barrages et transferts (Anbt) qui est toujours en justice et les affaires liées aux détournements, scandales financiers et autres bradages de deniers publics dans plusieurs entreprises à l'instar de Sonatrach. Plusieurs d'entre ces responsables ont même été condamnés à la prison. Par ailleurs, des commis de l'Etat, accusés dans des problèmes de gestion, du moment que les entreprises qu'ils gèrent sont publiques, ont été incriminés et même condamnés à la prison. Cela étant, il est à noter que ces responsables sont dans une impasse totale. Certes, leurs capacités professionnelles sont irréprochables. Mais les décisions qu'ils prennent risquent de leur poser de véritables problèmes allant jusqu'à la pénalisation. Mais les responsables pénalisés sont-ils forcément coupables? Ce qui est sûr, c'est qu'il y a des voix qui se sont élevées pour demander la dépénalisation de l'acte de gestion. Ce qui est également vrai, c'est que les scandales, les limogeages et les condamnations n'en finissent pas. Preuve en est le placement, il y a deux jours, sous mandat de dépôt de l'ex-président-directeur général d'Algérie Télécom, Slimane Kheireddine, et le directeur financier et commercial (DFC) du groupe, Afedjane Mouloud, ainsi que le placement sous contrôle judiciaire de quatorze autres cadres de la même entreprise dont Djaziri Mouloud, lui aussi ex-P-DG d'Algérie Télécom et le directeur de l'équipement et des transmissions par le magistrat instructeur près le tribunal de Sétif. Est-ce la fin de l'impunité qui a trop duré bien que dénoncée par de larges pans de la société? Si c'est le cas, gageons que de telles procédures soient appliquées à tout le monde et à tous les niveaux. Etant le marché le plus dynamique de la téléphonie en Algérie, cette situation suscite beaucoup d'interrogations. Déjà en 2004, Messaoud Chettih, P-DG du groupe à l'époque, a été limogé. Puis c'est au tour de Brahim Ouarets d'être incarceré en 2006 et à Djaziri Mouloud d'être limogé en 2008. Et cette fois, c'est Slimane Kheireddine, installé en 2006, de se retrouver entre les mains de la justice. Les questions qui se posent autour de ces bouleversements sont d'autant plus légitimes qu'elles soulèvent un tollé de réactions. Que se passe-t-il exactement à Algérie Télécom (AT)? Pourquoi tant de turbulences à la tête de cet opérateur téléphonique en si peu de temps? A quoi riment ces bouleversements qui se succèdent comme dans un film hollywoodien? Autant de questions que se posent les observateurs de l'actualité économique du pays. A signaler que l'affaire remonte à 2006 après qu'un fournisseur privé ait été sollicité par Algérie Télécom pour la fourniture de la câblerie nécessaire aux installations téléphoniques du groupe. Il s'agit d'une affaire d'escroquerie dont était victime AT de la part d'un sous-traitant qui a réussi à détourner près de 20 milliards de centimes, des 100 milliards qui lui ont été versés en 2005.