Plaidant pour une réconciliation interpalestinienne, Paris a appuyé récemment l'idée d'un gouvernement palestinien d'union ou d'entente nationale. L'émissaire de Barack Obama pour le Proche-Orient, George Mitchell, et le président palestinien Mahmoud Abbas devaient s'entretenir hier à Paris avec les responsables français, alors que la trêve entre Israël et le Hamas montre des signes croissants de fragilité. Le ton est monté d'un cran aussi ces derniers jours entre le Fatah et le Hamas, le premier réclamant la reconnaissance de l'OLP, le second exigeant «une restructuration immédiate» de l'organisation historique palestinienne pour y intégrer le mouvement islamiste et le Jihad islamique. Plaidant pour une réconciliation interpalestinienne, la France a appuyé récemment l'idée d'un gouvernement palestinien d'union ou d'entente nationale, avec lequel elle est prête à discuter. Le Hamas fait jusqu'à présent l'objet d'un boycott des Occidentaux. Au terme d'une tournée dans la région qui l'a mené en Israël, Cisjordanie, Egypte, Jordanie et Arabie Saoudite, George Mitchell était reçu hier à déjeuner au ministère des Affaires étrangères par Bernard Kouchner, après un entretien à l'Elysée avec le président Nicolas Sarkozy. L'émissaire américain doit, par la suite, se rendre à Londres avant de regagner les Etats-Unis pour y rendre compte de sa mission. Lors de sa visite à Paris, l'objectif était de faire le point sur une sortie de crise à Ghaza et les moyens de relancer les négociations israélo-palestiniennes, a-t-on indiqué au ministère français des Affaires étrangères. Jusqu'à présent, la nouvelle administration américaine n'a donné que peu d'indications sur ce qu'elle entend faire sur ce dossier, a-t-on ajouté de même source, en se félicitant toutefois de la mobilisation de Washington dès le début du mandat de Barack Obama. Le nouveau président américain a confié tous les pouvoirs nécessaires à son émissaire pour remettre sur les rails le processus de paix israélo-arabe. Ce dernier doit aussi faire des recommandations «pour assurer la sécurité d'Israël et faire en sorte que les Palestiniens de Ghaza reçoivent les approvisionnements de base dont ils ont besoin». Ce dernier sujet est sensible pour les autorités françaises qui ont échoué la semaine dernière à convaincre les Israéliens de laisser entrer dans la bande de Ghaza une station de potabilisation de l'eau. L'ouverture des points de passage est essentiel, souligne-t-on au Quai d'Orsay. Tout au long de sa tournée, George Mitchell a fait valoir l'importance de «consolider un cessez-le-feu durable» entre Israël et le Hamas. Mais l'arrêt des hostilités prononcé le 18 janvier par les Israéliens a été bafoué à plusieurs reprises. Côté Hamas, des roquettes ont continué d'être tirées à partir de la bande de Ghaza, dont deux dimanche. Pour sa part, l'armée israélienne a fait plusieurs incursion dans la bande de Ghaza et l'aviation israélienne a bombardé un commissariat de police à Ghaza. L'offensive israélienne a duré 22 jours, fait plus de 1330 morts palestiniens, selon des sources palestiniennes, et dévasté le territoire. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, devait de son côté être reçu hier soir à Paris par le président français, au premier jour d'une tournée qui doit le mener dans plusieurs pays européens. Selon une source diplomatique, Bernard Kouchner pourrait le recevoir à déjeuner aujourd'hui avant que M.Abbas se rende au Parlement européen à Strasbourg puis en Grande-Bretagne (le 5 février), en Turquie (le 6), en Pologne (le 7) et en Italie (le 9). Les entretiens devaient porter, entre autres, sur les efforts de reconstruction dans la bande de Ghaza après l'offensive israélienne.