Un cinquième round de négociations sera prochainement programmé par l'Organisation des Nations unies. Les autorités marocaines ont beau gesticuler, le conflit du Sahara occidental ne trouvera de solution que dans le cadre de la légalité internationale. Lors d'une conférence de presse qu'il a tenue en marge du Sommet de l'Union africaine qui s'est déroulé dans la capitale éthiopienne, Addis Abeba, le secrétaire général des Nations unies a fait part de sa volonté de relancer les négociations entre le Maroc et le Front Polisario. «Je vais lancer bientôt de nouvelles négociations», a fait savoir Ban Ki-moon aux journalistes. Le baptême du feu approche donc à grands pas pour le nouvel envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental. Christopher Ross aura pour lourde tâche de mettre fin à un conflit qui dure depuis trente-trois ans. Sa tournée dans la région est attendue avec impatience par les dirigeants de la République sahraouie. La désignation du diplomate américain en tant que médiateur entre les deux parties belligérantes est plutôt vue d'un mauvais oeil du côté de Rabat. Il est en effet fort probable que cette nouvelle donne signe l'arrêt de mort du plan de large autonomie proposé par la puissance colonisatrice marocaine. Le Royaume chérifien avait commencé à jubiler, à crier victoire, après les déclarations aussi étonnantes qu'inattendues de l'ex-représentant personnel de Ban Ki-moon au Sahara occidental. Peter Van Walsum avait estimé, le 21 avril 2008, que l'indépendance du Sahara occidental était une option irréaliste. Ce n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Le département marocain des affaires étrangères s'est empressé de saisir la balle au bond. Dans une correspondance adressée au Conseil de sécurité, il a réaffirmé son soutien au secrétaire général de l'ONU ainsi qu'à son envoyé spécial de l'époque, Van Walsum. «C'est un homme pertinent dans ses conclusions et objectif dans son engagement», avait souligné le communiqué du ministère des Affaires étrangères marocaines. Mohammed VI allait-il réaliser le hold-up du siècle? Désormais toutes les conditions semblaient réunies pour qu'il ne fasse qu'une bouchée de ces territoires qu'il a indument occupés. C'était sans compter sur la jeune et vigoureuse diplomatie sahraouie. Les réactions ne se sont pas fait attendre. Un véritable tir groupé. «Nul ne peut se substituer au peuple sahraoui dans le choix de son destin» a déclaré le représentant du Polisario en France, Omar Mansour. «Toute initiative visant à dénaturer le conflit ou à le sortir de son cadre historique et légal est vouée à l'échec, comme celles qui ont échoué depuis 1975», avait averti l'ancien ambassadeur de la République sahraouie à Alger, Brahim Ghali. Mohamed Abdelaziz, président de la Rasd et secrétaire général du Front Polisario a de son côté présidé une réunion consacrée aux derniers développements de la question sahraouie, sanctionnée par un communiqué. «Le bureau du secrétariat national réaffirme solennellement que le Front Polisario n'acceptera, ni aujourd'hui ni demain, d'entrer dans un processus visant la négation des droits inaliénables et imprescriptibles du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance» avait prévenu le Front Polisario. Le diplomate néerlandais réputé pourtant pour être chevronné, a dépassé la ligne rouge que lui impose son statut de haut fonctionnaire onusien. Il venait de transgresser la neutralité qui devait caractériser la mission qui lui a été confiée. Dés lors, il avait définitivement perdu la confiance des Sahraouis. C'est la tâche à laquelle va s'atteler Christopher Ross. Renouer le dialogue interrompu depuis le quatrième round des négociations de Manhasset entre Marocains et Sahraouis «Il est temps que ce conflit soit résolu», avait déclaré Condoleezza Rice, l'ex-secrétaire d'Etat US lors de sa tournée maghrébine au mois de septembre 2008. En désignant un diplomate américain comme envoyé spécial au Sahara occidental, Ban Ki-moon a sans doute répondu aux attentes de l'administration américaine. Hillary Clinton qui vient de reprendre le flambeau donnera par son action une idée précise de la politique étrangère de l'administration Obama au Sahara occidental et de la politique américaine au Maghreb.