Sa liste «Coalition pour l'Etat de droit» est arrivée en tête dans les provinces chiites et à Baghdad, selon les résultats préliminaires. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, choisi il y a trois ans à ce poste par défaut, a assis son autorité lors des élections provinciales, ce qui le met en position de force dans la perspective des élections parlementaires programmées d'ici début 2010. Sa liste «Coalition pour l'Etat de droit» est arrivée en tête dans les provinces chiites et à Baghdad, selon les résultats préliminaires annoncés jeudi par la commission électorale. Ce triomphe a été couronné par la visite surprise hier du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. M.Maliki, 59 ans, «est dans une position bien plus solide qu'avant. C'est lui et personne d'autre qui déterminera les prochaines alliances», estime Tarek al-Maamouri, un analyste politique irakien. «Les autres partis devront le convaincre qu'ils sont les meilleurs partenaires», a-t-il ajouté en référence aux tractations pour faire alliance avec lui. Pour les provinciales, M.Maliki, dirigeant du petit parti religieux chiite Dawa, avait choisi de patronner la «Coalition de l'Etat de droit», liste au nom des plus laïcs regroupant une dizaine de petites formations chiites. Tant sur les affiches que lors des réunions publiques, il a tout focalisé sur sa personne en se présentant comme le sauveur du pays. «Il a fait une percée spectaculaire», confirme Reidar Visser, rédacteur d'un site spécialisé sur l'Irak, notant que le plus grand parti chiite, le Conseil supérieur islamique d'Irak (CSII) d'Abdel Aziz Hakim, allié de M.Maliki au gouvernement, s'était affaibli. Le CSII a perdu la haute main sur les sept provinces chiites et Baghdad, qu'il contrôlait depuis 2003. «La coalition de M.Maliki a notamment réussi un exploit dans la province méridionale de Bassorah et à Baghdad», relève Reidar Visser. Le triomphe de la coalition de M.Maliki devrait provoquer une onde de choc pour les adversaires du chef du gouvernement dans la perspective des élections parlementaires programmées fin 2009-début 2010, ajoute Joost Hiltermann, analyste de l'International Crisis Group. «C'est un grand coup d'accélérateur» pour cet homme politique, dit-il. Nouri al-Maliki peut désormais construire sur cette base dans la perspective des élections parlementaires. Nous pouvons nous attendre à ce qu'il réutilise la formule qui lui a réussi: prendre une position ferme face aux Kurdes, aux Sadristes, aux Conseils du réveil et tous ceux que les citoyens arabes ordinaires n'aiment pas, et utiliser les fonds publics pour fonder des groupes qui lui apporteront des voix, avance cet analyste. Le succès de M.Maliki, dont l'action a permis de passer de politicien religieux à leader national, intervient après une année marquée par la conclusion d'un accord entre Baghdad et Washington sur le désengagement des troupes américaines d'Irak d'ici fin 2011 et une offensive victorieuse à Bassorah et Sadr City contre les miliciens du chef radical Moqtada Sadr. Il a aussi lancé des offensives contre les partisans d'Al Qaîda à Diyala et à Mossoul. Mais, en dépit de ces succès, l'Irak reste un Etat fragile, d'après un analyste basé aux Etats-Unis. «C'est un triomphe pour M.Maliki, mais j'espère qu'il ne sera pas trop confiant», commente Michael O'Hanlon, spécialiste de l'Irak et de la sécurité nationale américaine à l'Institut Brookings à Washington. Il met également les Etats-Unis en garde contre l'excès d'optimisme: «Nous essayons déjà de partir au plus vite et pas mal de choses peuvent encore mal tourner en Irak.»