Dans un discours prononcé hier à Munich, le vice-président américain, Joseph Biden, a brossé un large tour de la vision de la nouvelle administration américaine sur les problèmes de l'heure. Le vice-président Joe Biden s'est engagé hier au nom de l'adminis tration Obama à adopter un «ton nouveau» avec la communauté internationale après les années Bush, tout en prévenant qu'elle réclamerait en retour davantage de ses partenaires, en Afghanistan par exemple. «Je viens en Europe au nom d'une nouvelle administration déterminée à instaurer un ton nouveau, non seulement à Washington, mais aussi dans les relations de l'Amérique avec le reste du monde», a dit M.Biden, prononçant en Europe, à l'occasion de la grand-messe annuelle de la sécurité à Munich (sud de l'Allemagne), son premier grand discours de politique étrangère et de sécurité. «Nous allons pratiquer le dialogue. Nous allons écouter. Nous allons consulter. L'Amérique a besoin du reste du monde tout comme, je crois, le reste du monde a besoin de l'Amérique», a dit M.Biden s'adressant à de hauts responsables étrangers réunis à Munich (sud de l'Allemagne) pour une conférence sur la sécurité. A l'appui de la bonne volonté américaine, M.Biden a salué «une pleine participation de la France à l'Otan, si tel devait être le souhait de la France». Mais, a-t-il prévenu, «l'Amérique va en faire plus, ça, c'est la bonne nouvelle, la mauvaise nouvelle, c'est que nous allons demander à nos partenaires d'en faire plus aussi». M.Biden a assuré que les Etats-Unis donneraient «l'exemple» dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il a prôné la coopération contre la crise financière. Après les crispations causées par la «guerre mondiale contre le terrorisme» menée par George W.Bush et les méthodes employées, M.Biden a assuré que l'Amérique ne pratiquerait pas la torture, et qu'«aucun pays, aussi puissant qu'il soit, n'est mieux placé que les autres pour faire face seul» aux dangers extrémistes. Mais, en retour, M.Biden a demandé l'aide internationale pour tenir la promesse de M.Obama de fermer d'ici à un an le camp de Guantanamo, érigé par ses détracteurs en symbole des excès antiterroristes de l'administration Bush. Dans le combat contre le terrorisme, «nous devrons coopérer avec les autres pays à travers le monde, et nous aurons besoin de votre aide», a dit M.Biden. M.Obama s'est engagé à diriger l'effort américain consenti pour une guerre controversée en Irak au combat moins contesté livré sous mandat de l'ONU en Afghanistan. Mais, à l'heure où Washington étudie un renfort considérable de troupes en Afghanistan, elle entend «partager» avec d'autres «cet engagement» à la stabilisation de ce pays, alors que certains alliés des Etats-Unis rechignent à s'exposer davantage, a dit M.Biden. L'attention portait aussi à Munich sur le message que M.Biden aurait pour la Russie, d'autant plus qu'il devait rencontrer le vice-Premier ministre russe Sergueï Ivanov dimanche à Munich. «Les dernières années ont vu une dangereuse dérive dans les relations entre la Russie et les membres de notre alliance», a dit M.Biden. «Le moment est venu d'appuyer sur le bouton de redémarrage et de réexaminer les nombreux domaines dans lesquels nous pouvons et devrions travailler ensemble», a-t-il dit. Il a prévenu que des désaccords subsisteraient: «Les Etats-Unis ne reconnaîtront pas l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud comme des Etats indépendants». Il a parlé du refus américain que quiconque dispose d'une «sphère d'influence». Il a aussi dit que les Etats-Unis continueraient à développer la défense antimissile, un des grands motifs de querelle entre Washington et Moscou. Mais il a paru s'employer à apaiser les tensions en ajoutant que cela se ferait en concertation avec la Russie et «à condition que la technologie fonctionne et que le coût en vaille la peine».