La majorité de la vingtaine de candidats à la présidentielle sont confrontés au fait qu'ils n'ont pas d'ancrage populaire et manquent de formulaires. Le manque de formulaires de signatures pour l'élection présidentielle du 9 avril soulève le courroux des candidats. Certains comptent même saisir les instances internationales sur cette affaire. C'est le cas, notamment de deux candidats de la Coordination des candidats indépendants, Loth Bounatiro et Abdallah Tamine. Ces deux candidats n'ont pu retirer que 30.000 exemplaires pour collecter 75.000 signatures. La loi électorale dispose que chaque candidat a le droit de retirer au moins 175.000 formulaires. Devant cette situation, les candidats comptent adresser une correspondance au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon et une autre au président américain Barack Obama pour leur faire part de l'injustice qu'ils subissent. «Si le blocage persiste, cela devient inévitable pour nous. Nous sommes en train de nous consulter et nous pensons qu'il est temps d'alerter l'opinion nationale et internationale», nous a déclaré Abdallah Tamine, avant d'ajouter que son opération de collecte de signatures est en cours. Cette tâche devient pratiquement impossible pour plusieurs candidats. Le facteur temps ne joue plus en leur faveur, alors qu'ils n'ont plus que 15 jours et le temps leur est maintenant compté avec la convocation du corps électoral. En effet, le président de la République a procédé, hier, à la signature du décret présidentiel portant convocation du corps électoral pour le 9 avril prochain. Par ailleurs, le risque d'internationalisation de la question peut avoir des conséquences négatives sur la Coordination des Indépendants et montrer la fragilité dans laquelle elle a été constituée. Rachid Bouaziz, troisième membre de la coordination, compte ainsi se retirer si la question venait à être internationalisée. Joint au téléphone, ce dernier a signifié son refus pur et simple d'une telle démarche. Ainsi, pour ces trois candidats, le problème est de taille. M.Bouaziz a obtenu 30.000 formulaires, ce qui est largement insuffisant pour collecter 75.000 signatures. Notre interlocuteur a fait savoir que 33% des formulaires sont déjà consommés à travers les 37 wilayas couvertes. Il déplore que la loi électorale qui dispose que chaque candidat doit pouvoir disposer d'au moins 175.000 formulaires, ne soit pas appliquée. Cependant, notre interlocuteur a indiqué qu'il s'est entretenu dernièrement avec M.Talbi, directeur général des libertés publiques et des affaires juridiques au niveau du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Selon lui, M.Talbi lui a promis de prendre en compte ses doléances et de l'aider sur le terrain pour dépasser tous les obstacles. «On nous a informés que dans les deux jours qui viennent, ils nous rajouteront le reste de formulaires», a-t-il expliqué. Sur sa lancée, M.Bouaziz a déclaré qu'il a tracé, avec le ministère de l'Intérieur, une plate-forme de travail pour finaliser cette opération. «J'espère qu'ils nous donneront ces formulaires. Cela nous facilitera la tâche pour pouvoir compenser le temps perdu qui est estimé à 20 jours», a-t-il indiqué. Ce même état de fait est valable pour les autres «petits» candidats qui auraient toutes les difficultés du monde à collecter les signatures, d'autant qu'ils n'ont aucun ancrage populaire. De son côté, le Dr Hadef, président du Mouvement national de l'espérance (MNE), crie à l'injustice et à la hogra. «Mon problème n°1, c'est le manque de formulaires», nous a-t-il signifié. Ayant retiré 160.000 formulaires des services concernés, M.Hadef estime que cette quantité est insuffisante pour couvrir les 48 wilayas. Ce dernier demande 20.000 formulaires de plus pour atteindre les 180.000 promis par le ministère de l'Intérieur pour chaque candidat. Le MNE a couvert, selon son président, 30 wilayas pour le moment. «Plusieurs wilayas demandent les formulaires, malheureusement on est en panne», a-t-il encore déploré. A en croire ses dires, la wilaya de Annaba a demandé 2000 formulaires alors que celle d'Adrar en a revendiqué 3000. Un autre problème est soulevé par notre interlocuteur. Il s'agit du problème de la légalisation des signatures. Dans la wilaya de Chlef, par exemple, le MNE s'est retrouvé confronté à la recherche d'un huissier ou d'un notaire pour légaliser les signatures. Optimiste, M.Hadef précise cependant: «Si on me donne le reste des formulaires, je vous assure que je serais optimiste et la victoire sera totale.» Il est à souligner enfin que le Front national algérien (FNA) de Moussa Touati a dépassé cet écueil. Pour le Parti des travailleurs (PT) de Louisa Hanoune, le problème ne se pose pas, en attendant bien sûr que le Conseil constitutionnel valide les dossiers des postulants au scrutin présidentiel du 9 avril.