Le spirituel s'immisce-t-il dans le politique? «Nous ne sommes ni une organisation de masse, ni une association. Tout simplement, nous nous joignons à tous ceux et toutes celles qui revendiquent la candidature de M. le président de la République pour un troisième mandat car son bilan plaide en sa faveur. Sur le plan sécuritaire, le Président a pu éteindre les feux de la sédition. Sur le plan du développement, beaucoup de projets ont été réalisés et pour couronner le tout, des chantiers entiers ont été lancés dans les différents domaines. Ces chantiers doivent être achevés et le seul à pouvoir le faire, c'est le président de la République», a indiqué El Hadj Mohamed Ben Sidi Mahmoud, chargé des affaires de la zaouïa tidjania, lors de la conférence de presse qu'il a animée, hier, au siège du Centre international de presse (CIP) de la Maison de la presse à Kouba, Alger. Cela dit, la confrérie, de par ses représentants en Algérie, participera-t-elle à l'opération de collecte des signature au profit du président de la République? «Attendons que sa candidature se confirme pour, ensuite, voir ce qu'il y a lieu de faire. Chaque chose en son temps!», s'est contenté de répondre le conférencier. Les propos de l'orateur sont portés par le «Vent du Sud» qui nous rappelle les derniers événements de Berriane. Concernant cette tragédie, El Hadj Mohamed Ben Sidi Ahmed a affirmé: «Les contacts sont en cours pour l'organisation d'une rencontre avec l'un des notables de la région afin de contribuer à assainir la situation.» L'ordre de la Tidjania, selon l'orateur, compte 350 millions d'adeptes dans le monde. En Algérie, cette voie spirituelle de l'éducation religieuse est représentée par des confréries répandues dans 30 wilayas. L'expansion fulgurante de l'ordre de la Tidjania à travers le monde a incité ses responsables et représentants à organiser le «Colloque international de la Tidjania». Tenu en novembre 2008, les travaux de ce colloque ont porté sur la création d'un mouvement fédérateur visant à coordonner les activités de cette confrérie à l'échelle mondiale. Cependant, le lieu de la tenue de cette rencontre a suscité moult réactions. En effet, l'une des résolutions du premier colloque organisé à Aïn Madhi (Laghouat), en 2006, a porté sur l'organisation d'une rencontre internationale chaque deux ans, «dans l'environnement naturel qui a vu la naissance du guide suprême de la Tidjania, cheikh Ahmed Tidjani». Qu'en pense le conférencier? «Nous n'arrivons pas à comprendre pourquoi on a procédé au changement du lieu de la tenue du colloque.» Ces propos semblent traduire un malaise au sein de l'ordre. L'orateur a affirmé le contraire. Ce faisant, il a rappelé que «la confrérie de la Tidjania est un patrimoine national qu'il faut sauvegarder. Dans son discours d'investiture prononcé le 3 janvier 2006, le guide général, cheikh Sidi Mohamed Tidjani, avait appelé à un retour aux sources de l'enseignement spirituel de notre confrérie et à son mode de fonctionnement originel». Voici qui tranche avec les spéculations sur «l'existence d'une scission au sein de la confrérie». Pour être plus précis, le conférencier a insisté: «La zaouïa de Témacine est l'une des branches de la confrérie de la Tidjania.» Un autre sujet qui continue d'alimenter la polémique entre l'Algérie et le Maroc cette fois-ci: l'origine du fondateur de l'ordre de la Tidjania. Sur ce point, le conférencier a été catégorique: «Le cheikh Ahmed Tidjani est né à Ain Madhi, en 1735. Donc, de par sa naissance, le guide spirituel de la Tidjania est algérien.» Cette vérité historique est rapportée par des chercheurs de plusieurs nationalités, y compris des Marocains. Forcé à l'exil, à Fès, à l'âge de 63 ans, par les autorités ottomanes de l'époque, cheikh Ahmed Tidjani est né et a grandi à Aïn Madhi qui se trouve à 70km au nord-est de Laghouat. A l'âge de 21 ans, il s'est rendu à Tlemcen à la recherche du savoir religieux et de l'enseignement spirituel. Ensuite, il est parti à La Mecque pour y accomplir le Hadj. A son retour dans son pays natal, il s'oppose à l'oppression des autorités ottomanes. Obligé de partir, il choisit de se rendre à Fès ou il passera les 17 dernières années de sa vie. Cheikh Ahmed Tidjani est décédé, en 1815, loin de la terre qui l'a vu naître.